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St. Vincent – All Born Screaming

Annie Clark, alias St. Vincent, dévoile son septième album studio intitulé All Born Screaming. Alors que l’artiste américaine nous a habitués à adopter un nouveau personnage à chaque disque, à la manière de David Bowie, elle revient cette fois-ci sans trop d’artifice, incarnant son propre rôle. Elle se lance d’ailleurs le défi de produire entièrement son album, pour la première fois, délaissant ainsi les coproductions qui ont reçu des accueils parfois mitigés par le passé. Est-ce un pari réussi ?

Enigma-cinématique

Dès les premières secondes de ce All Born Screaming, nous sommes plongés dans l’antre d’Annie Clark, tel un visiteur entrant dans un lieu religieux. Sur “Hell Is Near”, les percussions résonnent avec gravité, les voix mystérieuses s’entremêlent, avant que les riffs de basse et de guitare ne fassent leur apparition pour détendre l’atmosphère. À la manière d’un film d’horreur, tout au long de l’ensemble, nous retrouvons des sortes de “jumpscares” musicaux (comme dans “Reckless”), des pauses parfois inconfortables, des sons gutturaux et une profusion de distorsions. Le titre “Flea” évoque littéralement un “monstre“, où l’autre n’est qu’un morceau de viande pour un parasite. Cette dimension cinématique est particulièrement prononcée grâce à l’utilisation d’instruments tels que le cor et la contrebasse, qui apportent une profondeur supplémentaire et soutiennent la narration de St. Vincent. À noter également le morceau “Violent Times”, qui ressemble à s’y méprendre, à un thème à la James Bond.

Plus authentique et plus brut

Sans surprise, à l’image de la pochette où l’artiste se débat avec ses bras en feu, des thèmes lourds sont évoqués tout au long du disque : la mort, l’amour… À l’écoute, on ressent bien le besoin viscéral de l’artiste de partager ses pensées sur ces sujets et sur la société. Et cela se traduit par des instrumentations, particulièrement bien orchestrées, qui prennent parfois le dessus sur le chant. Pour les fans, quelques clins d’œil aux précédentes ères de l’artiste sont perceptibles, que ce soit au niveau des sonorités ou même des paroles (“Snubbed-out smoke in a pack from the Nowhere Inn“). En faisant le choix de produire seule cet album, St. Vincent s’entoure d’amis et d’artistes de longue date pour donner vie à sa vision : Dave Grohl à la batterie sur quelques morceaux (“Broken Man”) ou encore, Cate Le Bon au chant et à la basse (“All Born Screaming”), entre autres.

Fusion des genres

Il est difficile de cantonner un seul genre à cette artiste caméléon qui, dans ce même album, passe du rock industriel à la NIN (“Broken Man”) à de l’électro à la The Prodigy (“Big Time Nothing”). Sans oublier des morceaux beaucoup plus pop, aux mélodies accrocheuses comme dans “Sweetest Fruit”. Il faut aussi rappeler que St. Vincent a récemment été nommée par le magazine Rolling Stone comme l’une des meilleures guitaristes de tous les temps. Pourtant, la guitare ne prend pas une place prépondérante. Les riffs, bien que présents, s’harmonisent parfaitement à l’ensemble. L’artiste nous surprend continuellement tout au long de l’album, proposant une progression intéressante : une première partie sombre et lente évolue progressivement vers des morceaux aux messages et sonorités plus optimistes. Mais, restez à l’affût, car une surprise n’est jamais exclue !

C’est à travers l’exploration de différents genres, qui fonctionnent parfaitement bien ensemble, qu’Annie réussit à proposer un bel équilibre. On se laisse surprendre, on frissonne, on danse. Le pari est réussi, et All Born Screaming est probablement l’un des meilleurs albums de la carrière de St. Vincent.

Informations

Label : Total Pleasure Records
Date de sortie : 26/04/2024
Site web : ilovestvincent.com

Notre sélection

  • Big Time Nothing
  • Broken Man
  • Sweetest Fruit

Note RUL

 4/5

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