Chroniques

Slipknot – .5: The Gray Chapter

Slipknot est enfin de retour six ans après “All Hope Is Gone”. On ne peut blâmer le groupe qui a été chamboulé par le décès de son bassiste Paul Gray il y a quatre ans et le départ (encore flou) de son batteur Joey Jordison il y a presque un an. Malgré ces événements douloureux, les américains reviennent avec “.5: The Gray Chapter”, dont le titre est un clin d’oeil hommage au défunt bassiste. Un album très attendu pour lequel beaucoup se demandent comment s’en sera sorti la formation sans deux de ses membres d’origine. Les neuf masqués de Des Moines (ou devrions-nous aujourd’hui dire les sept) ont-il retrouvé la rage qui les habitait sur leurs deux premiers opus et comment ont-il retranscrit musicalement ce qu’ils ont pu vivre ces dernières années ?

“This song is not for the living. This song is for the dead” : c’est sur ces paroles que l’auditeur est accueilli. Musique lancinante, un Corey Taylor contrarié semblant s’adresser à quelqu’un : l’ambiance est posée, on ne peut plus faire demi tour. “Sarcastrophe” démarre doucement avant d’exploser littéralement. L’inquiétude et l’appréhension se dissipent, Slipknot semble bel et bien de retour et prêt à cracher sa rage à la face du monde. “AOV” qui comporte certains des passages les plus rapides du combo le confirme aussitôt. Mais ce titre est aussi le premier à contenir un refrain mélodique et entraînant où Corey Taylor use de son chant clair. Parlons-en tout de suite, certains diront que le chanteur utilise trop son chant clair et que le groupe est trop mélodique, le faisant se rapprocher de Stone Sour. C’est un raccourci facile car la musique, les paroles et l’ambiance sombres appartiennent bel et bien à Slipknot. Et rappelez-vous les débuts des américains (“Wait And Bleed” ou “My Plague” par exemple), “#8” usait déjà de son chant clair et le groupe avait déjà des refrains mélodiques et entraînants. Certes cela est plus propre, moins rentre dedans, mais le Knot a évolué, mûri. Dans tous les cas, il s’agit de l’effort le plus sombre, glauque et malsain depuis l’éponyme “Slipknot” (1999) et “Iowa” (2001). On retrouve des sonorités, des riffs, des samples qu’on n’avait plus entendus depuis. Ecoutez-donc le brûlot qu’est “Custer” qui devrait faire taire les plus sceptiques et hurler les fans en live. Ou alors “The Devil In I”, deuxième single au superbe clip, qui est l’illustration parfaite du fait que les metalleux peuvent être mélodiques, tout en étant agressifs et malsains. Comme Slipknot aime à le faire depuis quelques années, le disque comporte aussi des morceaux plus calmes comme “If Rain Is What You Want” qui clôture la partie après un interlude lugubre et un “The Negative One” old school.

Les masqués de l’Iowa étaient très attendus et c’est avec brio qu’ils reviennent, nous délivrant un cinquième opus de belle qualité renouant avec la noirceur des débuts. Certes, la rage est plus contenue et le tout est plus propre et mélodique, mais n’en déplaise aux détracteurs ou aux “fans” les moins ouverts : la formation a évolué mais elle est toujours présente, réussissant encore à nous mettre mal à l’aise et crachant sa colère avec conviction !

Informations

Label : Roadrunner Records
Date de sortie : 20/10/2014
Site web : www.slipknot1.com

Notre sélection

  • Custer
  • The Devil In I
  • Sarcastrophe

Note RUL

4/5

Ecouter l’album