Chroniques

Shrapnel – Raised On Decay

Les îles britanniques sont peuplées des gardiens du thrash metal. Parmi les cent soixante mille âmes qu’abrite la ville de Norwich se trouvent celles qui composent le groupe Shrapnel. Fondé en 2009, le groupe offre au monde après deux EP un premier album pas piqué des hannetons, “The Virus Conspires” (2014). Trois ans plus tard, “Raised On Decay” reprend le flambeau pour distiller avec plus de maturité les diverses influences de nos amis d’outre-Manche.

Le temps de rester pantois devant le design post-apocalyptique à tendance Lovecraftienne de la pochette, et “Hollow Earth” nous chope par le col pour nous balancer à travers quarante huit minutes de thrash metal pur et dur. Les amplis à onze, le tempo a pour mission de dépasser le mur du son et de décrocher les tympans de l’auditeur avec virtuosité. Il est ici nul question de faire étalage de talents, indiscutables au vue des onze titres qui ne laissent aucun instant de répit où le flegme britannique fait place à l’irrévérence californienne.

C’est un pan de la Bay Area que les musiciens revendiquent à coup de batterie lancée à grande vitesse et de guitares incisives. Chris Williams et ses baguettes donnent le ton aux six cordes magistrales de Chris Martin et Nathan Sadd pour que le chant rauque et braillard de Jae Hadley puisse se poser harmonieusement. L’ambiance oscille entre montagnes russes hallucinées avec “Jester”, et virées plus sombre comme “Echoes Of Emptiness” et ses chœurs guerriers. Le morceau éponyme comporte la mélodie la plus entraînante, plus proche du heavy metal. Chaque titre est agrémenté d’un solo à ne pas mettre dans toutes les oreilles. Les notes d’une puissance inégalable s’enchaînent avec une fluidité déconcertante, de quoi décourager chaque apprenti guitariste essayant de plaquer les accords de “Highway To Hell”. En revanche, nous ne serions pas contre augmenter le volume de l’ampli basse d’Adam Read pour le prochain opus.

Précision est le maître mot. Tout coule de source grâce à la symbiose de chaque musicien, ce qui nous permet d’oublier que Shrapnel n’est pas là pour renouveler un genre, mais pour perpétuer une tradition. Cela ne les empêche pas de développer une identité au sein du thrash metal de l’ancienne école à travers une production perfectionniste qui donne un cachet intemporel à l’ensemble. Si vous faites écouter “Antichrist”, reprise qui figure sur le premier album de la bande de Kerry King à un fervent amateur de Slayer, l’album pourrait créer l’illusion et la confusion. En plus de résister à l’écoute multiple, c’est un réel plaisir de noter les subtilités de certaines influences et de découvrir en quoi les musiciens arrivent à se démarquer de la scène actuelle.

Si vous aimez vous décrocher la tête à force de la secouer, ce disque est fait pour vous. “Raised On Decay” pulvérise tout sur son passage, particulièrement notre faculté à se retenir de baver de joie et d’éviter tout torticolis. Alors un conseil, tenez-vous loin de vos baffles et préparer une bâche pour votre mobilier. Shrapnel vient de frapper juste et très fort.

Informations

Label : Spinefarm Records
Date de sortie : 29/09/2017
Site web : www.facebook.com/ShrapnelOfficial

Notre sélection

  • The Boundaries Set
  • Jepster
  • Raised On Decay

Note RUL

4/5

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