Chroniques

Shock Machine – Open Up The Sky

Fin 2014, Klaxons prenait tout le monde de cours en annonçant à demi-mot la fin du groupe, quelques mois seulement après la sortie de son dernier album, “Love Frequency”. Depuis les derniers concerts début 2015, c’était silence radio du côté des trois Anglais. C’est James Righton, chanteur-claviériste du trio qui a été le premier à donner des nouvelles. Caché derrière le pseudonyme Shock Machine, il lance son projet solo, avec un EP, “Open Up The Sky”, comme amuse bouche.

De l’électro-punk/new rave qui a fait le succès de Klaxons, il ne reste pas grand chose. James Righton choisit de s’éloigner de ce qu’il sait très bien faire pour se créer un tout nouvel univers, planant et envoûtant. La pop progressive et psychédélique sous-jacente dans son ancien projet, il l’exploite ici à fond, brillamment.

Pour la première fois, le musicien est responsable de la première à la dernière note d’un disque, puisqu’il s’est attelé à la difficile tâche d’écrire les paroles, en plus de signer mélodie et parties de batterie. Il n’est pas entièrement seul non plus puisqu’on trouve aux manettes de “Open Up The Sky” James Ford, producteur attitré d’Arctic Monkeys, mais surtout producteur de l’unanimement salué premier album de Klaxons, “Myths Of The Near Future”. Pas vraiment un retour aux sources pour autant, mais un EP presque aussi réjouissant que le premier bébé du trio londonien.

De l’intro, portée quasi uniquement par une voix cristalline et fantomatique, aux dernières notes hypnotiques de synthé du morceau final, “Confusion”, tout est fait pour plonger l’auditeur dans une atmosphère onirique et apaisée. Les morceaux prennent leur temps, avec chacun quelques secondes d’intro qui monte, doucement. L’éponyme et single “Open Up The Sky” reste le plus réussi. Avec sa mélodie pop épurée menée par une voix aérienne, le titre s’installe tranquillement dans un flottement paisible avant de partir dans un tourbillon, fait de riffs métalliques et de pulsations captivantes.

Les constructions des trois titres de l’EP se ressemblent beaucoup – trop ? -, optant dans un premier temps pour une ouverture paisible, avant de déboucher sur des envolés instrumentales tempétueuses terriblement enivrantes. Si les paroles de toutes les chansons tiennent sur un mouchoir de poche et que les morceaux ne sont mémorables qu’après plusieurs écoutes, ce n’est qu’au bénéfice de l’ambiance particulière de l’ensemble. Il s’écoute d’un bloc et la cohérence des morceaux en fait sa force. Une batterie féroce et des riffs saturés parviennent à se faire une place au sein de la pop progressive épurée du musicien, avec une partie instrumentale particulièrement exaltante et prog au possible sur “Confusion”, le morceau de clôture. Quant au beat entêtant qui ouvre la troisième piste, “Shock Machine”, il est vite rattrapé par un riff déstructuré, chassé quant à lui par un retour à l’acoustique inattendu, tandis qu’une voix mélodique répète inlassablement “do we need the shock machine?”.

“Do we need the shock machine?” est bien la question qu’on peut se poser. La réponse, positive, vient facilement. Si Klaxons semblait divaguer sans cap précis sur ses derniers morceaux, James Righton semble avoir trouvé sa voie. Enregistré dans le sud de la France, l’EP est fait d’orages brouillons et d’accalmies captivantes, nous baladant dans un univers rêveur et psychédélique. L’ex-Klaxons n’effectue pas un grand écart complet avec son EP solo, mais signe un premier effort plutôt prometteur, cohérent avec son parcours, suffisamment innovant pour susciter une excitation électrique, dans l’attente de son premier album.

Informations

Label : Marathon Artists / [PIAS]
Date de sortie : 25/04/2016
Site web : www.facebook.com/shockmachineofficial

Notre sélection

  • Open Up The Sky
  • Confusion
  • Shock Machine

Note RUL

4/5

Ecouter l’album