Chroniques

Shaka Ponk – The Evol’

Main course tant attendu après la sortie de l’EP “ApeTizer” en juin dernier, “The Evol'” débarque enfin avec son lot d’énervement, d’engagement et de gros riffs.

Après cinq albums, dont un double en 2014, Shaka Ponk ne semble pas avoir envie de raccrocher ses guitares. “The Evol”, hymne à l’amour, à la tolérance et rappel à l’ordre sur la régression humaine, est un condensé de genres qui colle divinement bien à son message. L’opus s’adresse à tout le monde, parle de tout le monde et tente de motiver tout le monde à évoluer vers un monde meilleur. Ce n’est pas pour autant que le disque aurait pu être réalisé par tout le monde ! Frah et sa bande de potes semblent une fois de plus s’illustrer à la perfection dans le jeu qu’ils jouent depuis près de douze années.  

Les fans avaient déjà pu goûter à la douceur de “Gung Ho” et de “Mysterious Ways”, empreintés à l’essai qui a fait office de teaser en juin, ils font aujourd’hui face à l’ensemble des treize titres éclectiques et puissants de “The Evol'”. Si l’artwork, qui offre l’image virtuelle d’une femme embrassant un singe, avait fait polémique et avait valu des accusations de racisme, de zoophilie ou même d’incitation à la maltraitance animale, c’est bien que les détracteurs n’avaient pas pris le temps de s’intéresser de plus près à la carrière de nos tarés de Shaka. Une fois n’est pas coutume, le quintette lance l’assaut et “The Evol'” se fait propagande de tout ce que l’humanité a perdu depuis quelques décennies : amour, paix et respect sont au centre de du processus de mutation abordé dans chacun des morceaux.  

L’évolution est réelle pour Shaka Ponk qui semble dévier sa trajectoire vers de nouvelles contrées, sans pour autant renier ses premiers émois. L’entame sur “Gung Ho” annonce vite la couleur : introduction voix/guitare, suivie de sonorités urbaines et de gros riffs. Il suffit par la suite d’un “Fear Ya” ou d’un très pêçhu “Faking Love” pour comprendre qu’on est bien sur du Shaka Ponk. “The Evol'” se fait engin hybride toujours à la recherche de nouvelles influences sans pour autant tomber dans le schéma de l’amas érudit qui aurait oublié de faire sens.

Tantôt folk sur un “Summer Camp”, pop sur un “Bunker” ou même ovni électro sur un “Share A Line”, on aurait pu craindre un album trop dispersé sans personnalité mais ce n’est aucunement le cas. Les grosses guitares, les coeurs animaux et l’énergie de l’ensemble sont beaucoup trop convaincants pour en douter. “Wrong Side” s’annonce comme le morceau le plus abouti de l’effort, avec ses couplets dignes des plus jolies ballades rock, son refrain énergique beaucoup plus énervé et ses lyrics totalement raccord à l’état du monde : l’opus est à son apogée. L’exercice du répertoire de genres continue avec un “Wataman” très metal et un “Rusty Fonky” très (vous l’aurez deviné) funk. La bande de Goz (le singe, mascotte de la formation) s’est même payé le privilège d’une collaboration avec l’acteur Édouard Baer sur “Slam & Slam’Ed”. Improbable.

Impossible de le nier, “The Evol'” s’inscrit parfaitement dans le registre de la quasi totalité des albums sortis ces deux à trois dernières années avec son appel à l'(r)évolution et à l’amour avec un triste rappel de la sombre actualité qui rythme notre quotidien. Shaka Ponk nous livre un disque percutant, d’une cohérence folle qui tire son génie du patchwork de styles qui nous est proposé.

Informations

Label : Tôt Ou Tard
Date de sortie : 17/11/2017
Site web : www.shakaponk.com

Notre sélection

  • Wrong Side
  • Gung Ho
  • Faking Love

Note RUL

4/5

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