Chroniques

Sebadoh – Defend Yourself

Dans les années 90, Sebadoh essentiellement défini indie rock, agissait en tant que tête d’affiche hargneux pour un genre qui ne veut pas être étiqueté. Vingt ans plus tard, l’étiquette de genre ne signifie pas grand-chose, et Sebadoh a existé pendant les dix dernières années comme beaucoup de ses pairs dans une nostalgie tourbillonnante. Et il n’y a rien de mal à cela : même s’il faut avouer que Lou Barlow commence à avoir l’habitude avec Dinosaur Jr. Bien que moins lo-fi qu’à l’accoutumée, “Defend Yourself” continue ce qu’avait commencé “The Freed Man” (1989) et Weed Forestin’ (1990), il y a de ça vingt ans, hermétique aux canons de l’époque comme à la quête de la chanson parfaite. Lou et sa clique rempilent, pour un énième album, égaux à eux-mêmes, avec quelques kilomètres au compteur.

La paire d’ouverture, “I Will” et “Love You Here” sont empêtrés dans les années 90 : la construction et les sonorités n’ont rien à envier à “Weed Forestin'”, second album du groupe. Tranquille, doux et mélancolique, Lou Barlow laisse aller sa voix nonchalante sur une mélodie tout en mollesse. Malheureusement, ce qui faisant l’intérêt de Sebadoh a complètement disparu. Il n’y a pas d’interludes électroniques, pas de grandes expériences, des chansons indie rock juste flanelle et-denim, le tendant de Barlow vers le chagrin, Jason Loewenstein est un peu plus tourné vers l’extérieur. De “Beat” à “Oxygen” en passant par l’éponyme “Defend Yr Self”, les âmes de Sonic Youth, Boredoms ou encore de R.E.M. ne sont plus, l’aspect grunge non plus. Il ne reste qu’un semblant de pop rock indé mièvrement inspiré, le pire de Mastodon et Incubus réuni. “Once” viendra mettre du baume au cœur des fans de “Bubble And Scrape” (1993) : riff inspiré et clair surenchéri par des guitares explosives et une hargne positive. “Inquiries” tentera le savant mélange de blues et noise rock, l’enfant difforme issue de cette abomination est des plus jouissives et comiques, à la fois surprenant, punchy et déluré. “State Of Mine” rebondit comme un mélange de pop punk du début des années 2000 et un relent de Primus. Plus loin, Sebadoh jouera la carte des ballades. “Listen” jouira d’une écriture musicale développée et capiteuse où l’électronique de la new wave rencontre la couleur du grunge. “Let It Out” sera la plus pointue au niveau des paroles fonctionnant tel une confession sublimée par une guitare acoustique apaisante. Enfin, “Seperate” ravivera les flammes de ce qui faisait la volonté délégatrice du grunge tout en y insufflant des guitares claires discutables.

Sebadoh sert ce qu’il a toujours servi en beaucoup moins pertinent et inspiré. Loin d’égaler “Bubble And Scrape”, Lou Barlow et ses comparses ont pris un coup de vieux et même s’ils ne veulent se l’avouer, leur musique n’a plus la fraicheur des 90’s. Les mordus de Dinosaur Jr. et Sebadoh retrouveront un semblant d’ersatz dans ce qui fut, il y a maintenant quelques temps, un classique pour la communauté indé américaine. Pour les plus jeunes, ce n’est pas sur qu’ils feront l’effort de tendre l’oreille.

Informations

Label : Domino Records
Date de sortie : 16/09/2013
Site web : http://sebadoh.com

Notre sélection

  • Seperate
  • Once
  • Let It Out

Note RUL

2.5/5

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