Saxon – Inspirations

Il y a des groupes qui n’ont plus rien à prouver. Depuis 1976, Saxon s’est hissé au sommet du heavy metal britannique.

Avant d’atteindre une telle notoriété, le jeune Peter Rodgers Byford aka Biff, a usé dans sa platine de nombreux vinyles. Robert Plant, Bon Scott, Mick Jagger, Ian Gillan. Tant de voix mythiques dont bon nombre de groupes se sont inspirés. Nul doute que les musiciens de Saxon se sont passés ces mêmes disques rêvant de devenir les nouveaux héros du rock.

À l’aube de son demi siècle d’existence et avant de sortir en janvier 2022 son vingt-troisième (!) album studio, voilà que la formation se la joue nostalgique et nous propose un disque de reprises sobrement intitulé “Inspirations”. Démarche sincère ou anecdotique ? Que peuvent bien valoir certains grands hits du classic rock entendus mille fois, à la sauce Saxonne ?

Undercovered

L’exercice de l’album de covers peut être périlleux car s’approprier des morceaux n’est pas chose aisée. Encore moins quand on touche aux sacro-saintes compos de légendes telles que les Beatles, Jimi Hendrix ou Led Zeppelin. L’avantage d’être dans les vieux souliers de Saxon, c’est que le bagage musical est déjà lourd. Même pas peur donc de s’attaquer à des brûlots tels que “Bomber” de Mötorhead, où le sieur Biff s’époumone en diable, rendant là un sincère hommage à leurs anciens compagnons d’armes dans un déluge de riffs et de sincérité.

L’enchaînement avec le “Speed King” des Deep Purple est incroyable de cohérence et c’est à un sacré pavé que s’attaquent Scarett et Quinn dans un duel de grattes so old school! Dommage néanmoins que l’incroyable initiative de reprendre “Immigrant Song” du Dirigeable fasse l’effet d’une demi bonne surprise. La voix de Byford y est impressionnante du haut de ses soixante-dix bougies et la musique également MAIS pourquoi couper le morceau avant les soli si attendus ? Nul doute que les mercenaires anglais lui auraient rendu justice. Petit point noir dans la démarche, que vous leur pardonnerez sans doute.

Insert coin

Il y a comme un air de jukebox dans cette playlist idéale concoctée par les Britanniques. Si on y retrouve en effet des influences classiques pour tout groupe de heavy, d’autres se démarquent un tant soit peu. En tête, cette réinterprétation du hit de Toto, “Hold The Line”. Certes, le riff de Lukather est un classique pour tout guitariste mais la transposition s’en retrouve intéressante. Dénuée de son clavier d’origine et gonflée aux stéroïdes, voici donc une version “metallisée” mais toujours accessible de ce tube planétaire.

Même travail sur “Paperback Writer” des Beatles. Impossible de ne pas taper du pied sur cette version survitaminée du classique des Fab Four. À première vue, le tracklisting paraissait trop facile mais force est de constater qu’avec ces deux exemples, Saxon s’est quelque peu “mis en danger”. Et c’est au bout de plusieurs écoutes que l’on se rend finalement compte de la richesse de l’ensemble.

The cover and the glory

Vous l’aurez compris, le travail a été effectué avec sincérité et respect. Les Anglais ont pour cela enregistré quasi live dans les prestigieux studios Brockfield House près de York. Entourés d’œuvres d’art et d’amplis Marshall à en perdre la tête, quelles meilleures conditions pour reprendre à tue-tête de bons vieux standards ?

Thin Lizzy, AC/DC, The Rolling Stones. Que de beaux noms et de titres légendaires à jouer à fond, tels d’éternels adolescents. A ceci près que les cheveux blancs ont remplacé l’acnée et le niveau de jeu est à son paroxysme. La bonne humeur de ce projet se ressent vraiment tout au long de l’écoute. Il y a eu un plaisir évident dans cette entreprise loin du disque forcé par un contrat.

Ayant déjà disséminé quelques reprises dans ses albums au cours de sa longue carrière, voici là l’exemple même d’un bel essai transformé de la part de Saxon. D’un format court, bardé de hits et transpirant d’un fort esprit rock n’roll, cet hommage d’un géant à ses pairs vous comblera assurément !