Sabrina Carpenter – Man’s Best Friend

La révélation de la cover du septième album de Sabrina Carpenter, Man’s Best Friend avait fait du bruit. Beaucoup de bruit. Et c’est un peu pareil avec le disque lui-même : il fait du bruit, mais difficile à apprécier pleinement. On aurait pu croire que cette pochette provoc’ annonçait un propos plus profond, une satire bien sentie. Spoiler : pas vraiment.

ABBA, Donna, Dolly… et Sabrina ?

Carpenter revendique ses influences : ABBA, Donna Summer, Dolly Parton. Et effectivement, on les entend. Parfois même un peu trop. Des morceaux comme “Goodbye” sonnent comme une B-side d’ABBA remixée par Jack Antonoff, bien qu’il soit l’un des plus réussis de l’ensemble. Pour “Tears”, on est plutôt sur une copie sans complexe de l’intro de “Last Dance” de Donna Summer. Le clin d’œil devient parfois mimétisme.

Côté son, on navigue entre disco pop clinquante et country synthétique. Le tout est bien produit, catchy, mais manque de relief. Les morceaux s’enchaînent sans vraiment marquer, à l’exception de quelques titres. Sur le plan vocal, il n’y a pas de doute sur les capacités de la chanteuse, mais là aussi, sur certains choix, on a presque l’impression d’en entendre une autre (coucou Ariana Grande !).

Toujours les mêmes recettes

“Manchild”, choisi comme unique single (mis à part “Tears” sorti en même temps que l’album), mélange country et synthpop avec un refrain efficace et une ironie bien dosée. C’est l’un des rares titres qui accroche dès la première écoute et surtout qui ouvre le disque. “When Did You Get Hot?” joue la carte du flirt nostalgique façon années 2000, mais dans l’ensemble, l’album tourne en rond, tant sur le plan musical que thématique.

Sabrina Carpenter continue de jouer la carte de l’humour sexy et de l’autodérision, mais à force de clins d’œil salaces, l’effet fini par s’émousser. “House Tour” en est l’exemple parfait avec une série de métaphores, alors qu’elle dit elle-même : “And I promise none of this is a metaphor“. Les textes restent en surface : ruptures, copains décevants, revanche sentimentale. Rien de neuf sous le soleil pop. Carpenter sait manier la punchline, mais on sent qu’elle aurait pu aller plus loin, qu’elle se retient de creuser des textes trop simples. Dommage, car des morceaux comme “We Almost Broke Up Again Last Night” ou “Don’t Worry I’ll Make You Worry” laissent entrevoir une vulnérabilité plus touchante.

Man’s Best Friend est un album fun, plutôt bien produit, mais trop sage dans sa provocation. Sabrina Carpenter maîtrise son image et son style, mais semble coincée dans une formule qui commence à s’user. Quelques titres sortent du lot, mais l’ensemble manque d’originalité et de vraies prises de risque. Une célébration de la déception ? Peut-être. Mais on aurait aimé qu’elle la pousse un peu plus loin.