Chroniques

Ron Moor – Starshine

La France et ses artistes français. Ces fameux artistes dans lesquels on retrouve de temps à autre des petites pépites musicales en tête à tête avec quelques quenelles. Aujourd’hui Ron Moor, projet vendéen, vient prouver une nouvelle fois qu’il est possible encore de faire confiance en notre beau pays culturellement parlant, avec son premier album studio, “Starshine”. Étonnant mélange de Thirty Seconds To Mars, Garbage et Placebo.

“Princess” ouvre brutalement l’opus. Avec quelques effets trompeurs pop rappelant M83 en intro, l’auditeur est plongé dans un univers mélangeant grosse distorsion et synthétiseur atmosphérique. La voix de Romain, qui a un petit côté Brian Molko, se retrouve très sombre et libre dans un monde mélancoliquement puissant. Titre aux sonorités californiennes parfait pour se voir plongé dans l’univers de ce projet aux diverses influences. “We Are The Broken” continue sur cette lancée, même s’il parait tout gentillet à côté de l’ouverture. Techniquement parlant, rien à redire, toujours un petit détail qui se rajoute pour un plaisir certain. Malgré un son “lourd”, un côté pop s’extériorise et ce n’est pas “Evyta” qui va contredire cela, avec son instrumentation beaucoup tournée autour du synthé, dans le même style que le dernier effort de Thirty Seconds To Mars. Son refrain est très fort en sentiment avec ses multiples voix. Etrangement, la chanson suivante, “Keep It All”, n’emballe pas plus que cela, cette méthode de chant s’exprimant plus facilement dans un style mélancolique que dans un style pop rock joyeux, si l’on peut dire. Mais l’effort y est pour que tout fonctionne. Plus le disque avance, plus les guitares se rangent, comme le prouve l’éponyme “Starshine”, dans lequel le piano et le synthétiseur s’amuse ensemble. Forte en émotion et en sens, complètement à l’opposé d’un début d’album plus agressif. Sur “Radio”, retour sur un rock atmosphérique, bébé d’un Placebo et de mère inconnue, avec une batterie lourde et des power chords. Rien de bien révolutionnaire quand on a aimé “Princess”. Place au rock acoustique maintenant avec “Cast In Stone”, non pour nous déplaire après une certaine répétition de distorsion par ci, par-là, partout… mais pas pour longtemps. Alors qu’un morceau ENTIEREMENT en acoustique aurait été la bienvenue pour découvrir une nouvelle facette intimiste de Ron Moor, ce plaisir ne durera que le temps d’un couplet avant de revenir vers une pop rock où le chant se retrouve un peu submergé par les toms de batterie et la guitare électrique. “The Answer” s’ouvre avec un son mi-atmosphérique/mi-hip hop avec une rythmique de beats très électronique ; quelque peu comparable à à “Fighting The Gravity” de Blink-182 (“Neighborhoods“, 2011) avec son côté “étrange” mais agréable à écouter. La fin s’approche et l’influence de Jared Leto et ses compatriotes se fait de plus en plus forte avec “A Brand New Day” et les montées vocales, pas aussi puissantes que l’originale. “You Saved My World” termine avec cette petite touche qui vous procure ce sentiment de fin, que l’essai est fini, avec ce final formé dans le même style que “All That We Are” de Angels and Airwaves (“Love Part II“, 2011), c’est-à-dire une belle explosion musicale avec une guitare prenant le dessous sur tout, s’exprimant librement.

Dans l’ensemble, “Starshine” est un bon début pour un petit projet. Assez bien produit, il est vrai, le pilier de cet opus reste la voix de Romain qui sait garder une certaine logique et un côté linéaire. Avec elle, on sait que l’on écoute un album dans sa continuité et non plusieurs titres aléatoires. Entre une omniprésence de grosses distorsions et un éclectisme quand même présent, il est possible qu’un second effort studio soit plus abouti et plus recherché que celui-ci n’est déjà. La France a du talent à revendre.

Informations

Label : M & O Music
Date de sortie : 25/11/2013
Site web : www.ron-moor.com

Notre sélection

  • Starshine
  • A Brand New Day
  • Evyta

Note RUL

4/5