Rise Against – Ricochet

Après plus de vingt ans de carrière, Rise Against pourrait se contenter de recycler la formule qui a fait son succès. Le groupe est passé maître dans l’art de mêler refrains fédérateurs, énergie punk rock et textes engagés. Mais avec Ricochet, le quatuor de Chicago choisit d’étendre son registre pour aller chercher plus d’émotions.

Un retour au sommet

Dixième album pour Rise Against, Ricochet arrive trois ans après Nowhere Generation (2021). Il marque une nouvelle étape dans la carrière du groupe. Enregistré avec la productrice Catherine Marks et mixé par Alan Moulder, ce disque sonne comme un manifeste. Celui d’un groupe qui connaît ses forces mais refuse de tourner en rond. Tim McIlrath résume le concept d’un mot : “ricochet“, comme l’effet de chaque action dans un monde interconnecté. Un fil rouge qui irrigue des textes toujours engagés, oscillant entre colère, résilience et introspection.

Tout commence avec “Nod”, premier single et ouverture d’album. Rise Against y déploie sa formule éprouvée : riffs implacables, refrain accrocheur, énergie brute. C’est exactement ce que les fans attendent. C’est aussi ce qui pousse à se demander si l’album sera une succession de titres calibrés pour la scène ou s’il osera s’aventurer ailleurs. La réponse arrive avec “I Want It All”. Cet hymne rock porté par des guitares qui grincent et une énergie euphorisante est juste parfait. Il s’en dégage des images de grand ouest américain. De stades enflammés. C’est un morceau qui brille par sa rage maîtrisée alliée à une urgence communicative.

Entre rugosité et émotion

Le morceau-titre “Ricochet” est une décharge émotionnelle. McIlrath y juxtapose une instrumentation acoustique à sa voix la plus habitée. L’intensité du texte se ressent à chaque seconde. Le groupe parvient à restituer toute l’intention derrière le morceau avec un bel équilibre entre retenue et explosivité. “Us Against The World” s’ouvre sur des riffs plus profonds, presque lourds, où la résignation perce dans le chant. Si le refrain adoucit légèrement l’impact, le titre reste l’un des plus chargés en tension.

Avec “State Of Emergency”, le groupe surprend. Et c’est pour le mieux. Le groove est inédit, il se ressent autant dans le chant que dans la voix. En effet la rupture vocale accentue l’émotion, puis bascule vers un hymne punk rock. La preuve que Rise Against a encore des cartouches inédites. Si l’ensemble brille par sa cohésion et son énergie, certains passages plus calmes comme “Black Crown” ou “Gold Long Gone” peinent à égaler l’intensité des titres plus rageurs. La colère et l’urgence restent pour le groupe un moteur plus naturel et productif que la contemplation.

Une conclusion percutante

“Prizefighter” clôt Ricochet sur un ton abrasif, presque revanchard, confirmant que Rise Against n’a rien perdu de sa combativité. Entre ses hymnes instantanés, ses explorations plus nuancées et son discours toujours pertinent, ce disque se hisse sans peine parmi les meilleurs de leur discographie. Ricochet est la preuve qu’après deux décennies de carrière, Rise Against sait encore conjuguer fidélité à ses racines et ouverture à de nouvelles textures.