Chroniques

Rise Against – Endgame

Ce qui fait le charme de Rise Against depuis “The Unraveling”, ce sont des riffs de guitare nerveux à souhait, une basse parfois démente, la voix parfaite dans les scream comme dans les parties claires et l’engagement plus que manifeste du groupe à travers ses textes poignants. Si un début de division parmi les fans était apparu avec “The Sufferer And The Witness”, elle est devenue très claire avec “Appeal To Reason” en 2008 quand une bonne moitié trouvait là un album de bonne facture toujours incisif et d’autres voyaient une succession de chansons sorties du même moule et un côté radio-friendly déplaisant. La question qui se pose donc avec “Endgame” est simple. Ce disque marque-t-il un retour aux sources, ou s’inscrit-il dans la continuité d’ “Appeal To Reason” ?

L’engagement du groupe n’a pas bougé d’un iota même si la période post-Bush donne un peu moins d’encre à la plume des groupes punk. Rise Against est toujours là, agit toujours en faveur des mêmes causes et ne tourne pas le dos à ses convictions. Pour preuve, dès l’ouverture Tim McIlrath (chant) attaque clairement Against Me! en empruntant une ligne de leur chanson “I Was A Teenage Anarchist” : “Do you remember when you were young and you wanted to set the world on fire ?” (Te souviens-tu quand tu étais jeune et que tu voulais mettre le feu au monde) à laquelle il ajoute successivement “Somewhere deep down I know you do” (Quelque part au fond de toi, je sais que tu t’en souviens) et “Cause I still am and I still do” (Parce que je le suis toujours et je le veux encore). Les thèmes abordés sur “Endgame” sont une fois encore la critique du système (“Disparity By Design”), des guerres menées par les États-Unis en Iraq et en Afghanistan (“Survivor Guilt”), l’espoir du monde meilleur (“Endgame”, “Architects”) et l’homophobie (“Make It Stop (September’s Children)”) entre autres. Le combo ne pêche pas sur les textes; poignants, imagés, dénonciateurs et porteurs d’espoir, la fibre Rise Against est bel et bien là.
Musicalement parlant, si l’EP “Grammatizator” sorti en 2009 laissait présager de la victoire du hardcore punk sur le hardcore mélodique, la situation est moins claire sur cet opus. La plupart des introductions des chansons sont vraiment énergiques et l’on s’attend à des bombes, malheureusement cet élan s’essouffle un peu dans certains cas tombant dans quelque chose de générique et déjà entendu (“Help Is On The Way”, “Wait For Me”, “This Is Letting Go”). Ne vous y trompez pas, c’est toujours bien fait et plaisant à écouter mais on est loin des monuments dont on sait Rise Against capable. Heureusement, certains titres tiennent leurs promesses du début à la fin tels que “A Gentleman’s Coup” et son riff dévastateur en intro qui revient dans un refrain bel et bien signé Rise Against. Joe Principe (basse) se fait remarquer sur l’excellente “Endgame” et “Survivor Guilt” qui bien qu’étant plus lente devrait tout de même marquer les esprits par l’efficacité combinée des paroles, des couplets et du passage de chant rapide. La hargneuse “Broken Mirrors” viendra elle aussi chatouiller agréablement nos oreilles mais le tout reste dans l’ombre de morceaux comme “State Of The Union”, “Blood Red, White And Blue” ou encore “1000 Good Intentions”.

Pour faire court, même si l’esprit est toujours là, “Endgame” est un album en demi teinte avec d’une part des titres qui n’arrivent pas à sortir du “déjà entendu” tandis que d’autres sont plus plaisants et plus efficaces et combinés au talent d’écriture, viennent sauver le disque de justesse. Ces morceaux qui ressortent du lot n’arrivent pas à sortir de l’ombre de “Revolutions Per Minutes” ou même “Siren Song Of The Counter Culture”. Reste à voir ce que tout ceci donnera après plusieurs autres écoutes ou encore en live.

Informations

Label :
Date de sortie : 15/03/2011
Site web : www.riseagainst.com

Notre sélection

  • A Gentleman's Coup
  • Satellite
  • Survivor Guilt

Note RUL

3/5

Anthony Bé
Fondateur - Rédacteur en chef du webzine RockUrLife