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REVNOIR – Coma

Un an après le remarqué Revenge, REVNOIR s’associe avec le célèbre label allemand Arising Empire (LANDMVRKS, Thrown, Resolve). Avec Coma, un second EP viscéral, le groupe parisien entend confirmer sa position de figure montante de la scène core hexagonale. Objectif assumé de l’exercice ? Nous “plonger dans un monde où les frontières entre la réalité et la peur s’estompent“. Immersion au cœur de l’horreur.

Les rêves noirs

Une ambiance éthérée et tendue. Un calme artificiel fissuré par quelques nappes saturées. Dans une performance vocale toute en nuance, Max Rodriguez-Medallo expose sa vulnérabilité et sa détresse face à un amour toxique. Soutenu par un beat menaçant de Kaz Nakazawa, un premier scream se laisse deviner. “I fell asleep“. Le cauchemar peut commencer.

Seul inédit, c’est avec cette introduction spectrale que le titre “Into Quiet” se charge d’ouvrir les portes du royaume Coma. Le reste du morceau, avec son refrain déchirant et ses guitares metalcore pur jus, nous entraîne de force vers un breakdown infernal. Véritable moment suspendu, un spoken-word en français vient renforcer la charge émotionnelle. Comme un éclair de lucidité, avant de sombrer à nouveau.
L’intégralité de l’EP est hantée par cette dimension horrifique. Dans le chaudron, des screams déchirants, des growls dantesques, des ruptures brutales de tempo, et un soupçon de darkwave. REVNOIR manie avec une dextérité sadique tous ses ingrédients, confrontant l’auditeur à ses propres terreurs. Le point culminant arrive avec “Night Terror” et l”invocation du “Sandman“, personnification cauchemardesque des traumatismes passés. Ce morceau d’une violence erratique vient clôturer le disque, entraînant l’auditeur dans une lutte acharnée pour reprendre le contrôle de son esprit.

Le théâtre des ombres

Cette fantasmagorie ne saurait fonctionner sans une maîtrise parfaite du storytelling. Et on peut dire que REVNOIR a mis les petits plats dans les grands. Tout d’abord avec les quatre clips aux qualités cinématographiques marquées. Mais, surtout, grâce à une production pointilleuse et un goût prononcé pour le sound design. On s’arrêtera un instant pour saluer le travail de Lucas d’Agostini au mixage. Le mastering a quant à lui été réalisé par Ted Jensen, à qui l’on doit les masters des cultissimes Eagles (Hotel California), Evanescence (Fallen), et Green Day (American Idiot), rien que ça !

De cette exigence naît un univers sonore malléable et multiforme. Les guitares se tordent, et les beats deviennent machines, quand ce n’est pas la voix elle-même qui se multiplie et se déforme. L’utilisation d’éléments acoustiques et symphoniques, comme dans le dystopique “New World”, exacerbe cette dimension narrative intense. L’hybridation anglais-français accentue cette ambiance surréaliste. L’auditeur est happé, entre témoin et complice de cette descente aux enfers, comme dans le single “Crève” et son breakdown titanesque. Et lorsque ce ne sont pas les clips qui se lient entre eux, à l’image du dyptique “Crève” / “Revenge”, ce sont les morceaux eux-mêmes qui se confondent. Rupture subtile de la frontière du réel, “Night Terror” nous tire de notre torpeur jusque dans le final de “New World”. “Wake up!

C’est un pari tenu pour REVNOIR. Avec Coma, les Parisiens réussissent à hausser la barre placée avec Revenant. Ils livrent un disque féroce, une chimère aux plaies béantes, vulnérable et menaçante.

Informations

Label : Arising Empire
Date de sortie : 05/09/2025
Site web : revnoir.com

Notre sélection

  • Into Quiet
  • Crève
  • Night Terror

Note RUL

 4/5

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