Chroniques

Protomartyr – Under Color Of Official Right

Sur le marché musical depuis 2008 et après un premier album “No Passion All Technique” sorti en il y a déjà deux ans, Protomartyr et son style musical assez relâché est de retour avec un tout nouveau disque, “Under Color Of Official Right”, provenant tout droit des souches du Michigan. Ayant comme empreinte musicale un son plus que brut et une voix tantôt baladeuse, tantôt négligée, direction la version 2014 de cette formation post punk.

Dès les premières notes de “Maidenhead”, le côté très “démo” et 70’s représentatif de l’album et commun du groupe fait son apparition. Bien loin du côté générique de la musique des années 2000 où l’erreur ne fait plus partie de l’enregistrement suite à toutes les retouches possibles et inimaginables, Protomartyr nous offre une nouvelle fois un bon paquet de titres aux sonorités sales qui vont en faire voyager plus d’un(e). On retrouve, par exemple, du bruit dans “Pagans” et “Son Of Dis” dans lesquelles l’influence punk se personnifie par des grosses distorsions et des rythmiques prononcées à la limite de masquer la voix du chanteur Joe Casey. En parallèle de ces morceaux à la fois courts et concis (pas plus d’1:30), une facette plus calme (mais toujours aussi bruyante) s’ouvre à l’auditoire, entre “Ain’t So Simple”, “Trust Me Billy” ou “Scum, Rise!” qui apportent une touche plus britpop les confondant même à l’atmosphère de The Vaccines. Rien de quoi effrayer les fans de la première heure tant ce rapprochement penche surtout du côté du groupe de Detroit. Guitares plus que présentes sous divers effets de delay et divers riffs enjoués, le tout bercé par une forte et puissante basse toujours affirmée face à une batterie plus au troisième plan. Il n’empêche que l’élément primordial reste la partie vocale qui, rarement transcendée par la musique en elle-même bien que voilée par le travail en studio, ramène littéralement un paquet important d’émotion. Comme expliquer précédemment, plus la musique est trafiquée, moins elle semble transmettre de sensations de façon innée. Et c’est bien cette honnêteté et cette fragilité naturelle qu’il faut mettre en avant dans cet opus : l’honnêteté que tout ne peut pas être “tout beau, tout propre”. Un style qui colle en plus parfaitement aux textes chantés qui se rapportent plusieurs fois à la violence et à une sorte de dépression/mépris de certains aspects actuels de la société : du lyrisme punk dans tous ces états. L’aspect négatif que l’on peut finir par ressentir lors de l’écoute de ces quatorze pistes est bien une lassitude entre des chansons parfois trop proches et une envie de vite changer de piste voire de disque. La boucle fait un beau tour musical émouvant, mais se boucle aussi malheureusement rapidement.

Une nouvelle fois, un beau voyage dans le passé avec un beau retour sur le devant de la scène de l’honnêteté musicale qui a toute sa primordialité dans une analyse et une ressenti plus personnel de la musique en elle-même. L’idée de naturel apporte de belles mélodies et des paroles lâchées qui touchent parfois le cœur tant la sensibilité est prisée. Cela en revient presque à écouter le discours d’un révolté, discours magnifiée par la présence d’instruments tout autant contestataires. Protomartyr s’en tient à suivre un chemin déjà établie par le CD précédent, tout en se magnifiant de son expérience.

Informations

Label : PIAS
Date de sortie : 07/04/2014
Site web : www.facebook.com/protomartyr

Notre sélection

  • Scum, Rise!
  • I Stare At Floors
  • Son Of Dis

Note RUL

3.5/5

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