Chroniques

Polar Polar Polar Polar – 32 Août

Polar Polar Polar Polar est à la musique ce que le surréalisme est à la littérature. Adepte d’un “post rock progressant”, comme il se plait à le nommer, le groupe, fondé en 2010, revient aujourd’hui avec “32 Août”, un album où la musique se fait systémique, emprunte d’écriture automatique, où la musique subit des torsions, répétitions et autres contraintes d’écriture, comme pour voir si l’onde sonore peut aller au bout d’elle-même. Transe.

Côté compo, on commence avec “Break Neck”. Les notes sont d’abord calculées, chiffrées, quantifiées pour donner une impression mécanique, de machine folle qui subit des dommage irréversibles. Les basses vrombissent, les claviers crissent de manière répétitives à la limite de l’inaudible. Et pourtant, comme chez Electric Electric – que les joyeux lurons citent comme influence – c’est pour mieux déraper et arriver à des mélodies bien post rock : l’instrument est torturé, la guitare s’égosille et les claviers souffrent sous les coups assénés avec vigueur.

L’ambiance lynchéenne est à la psychose à la manière d’un Duran Duran, avec cette atmosphère glauque de la seconde piste “Vinaigre”, toute aussi amer en bouche. L’invitation à la transe est bien là, et on imagine la formation jouant frénétiquement sur scène pour un public déchaîné. un peu comme aurait l’habitude de faire La Colonie De Vacances (ndlr : quatre groupes qui se répondent, dont Electric Electric, encerclant le public pris au piège au centre, et n’ont de cesse d’augmenter l’intensité).

Les rythmiques sont tantôt entêtantes, agitées de spasmes; tantôt lancinantes voire flippantes comme dans “Pouce !”, où en nous faisant croire à une trêve PPPP nous emmène en fait dans un univers sonores sombres et glauque, semblable à celui du “Nosferatu de Murnau. Les morceaux jouent sur le même mode, humour grinçant pour bien dire que ça tabasse (“Break Neck”), que ça va piquer (“Scalp”) et on rajoute même un peu de “Vinaigre”.

De même, on retrouve les jeux d’écritures avec contraintes à la Desnos avec “Bigre De Bougre” tout en clavier, suivi de “Bougre De Bigre”, qui se veut son total opposé musicalement parlant, avec ses batteries en cascade et des sons stridents façon cris du modem 56k au bord de l’implosion.

Réjouissance, licorne et chocolat, le tout passé au mixeur, servit froid, saignant et à la sauce vinaigrée. Moins noisy et plus systématique que les anciens efforts studio de Polar Polar Polar Polar et vraiment, vraiment plus efficace. A écouter impérativement pour tous les fans d’Electric Electric.

Informations

Label : Club De Smurf
Date de sortie : 04/04/2016
Site web : polarpolarpolarpolar.bandcamp.com

Notre sélection

  • Vinaigre
  • Break Neck
  • Bougre De Bigre

Note RUL

4/5

Ecouter l’album