Neuf ans après Hamburg Demonstrations (2016), Peter Doherty revient là où on ne l’attendait plus vraiment : dans un calme fragile, en Normandie, loin du chaos de Camden et des excès d’antan. Felt Better Alive, c’est le carnet de bord d’un homme qui a traversé le chaos et qui, pour la première fois depuis longtemps, semble contempler le rivage avec lucidité.
Écho d’une renaissance
Dès les premières notes de “Calvados”, on comprend que ce disque ne cherche pas à reconquérir les charts, mais à raconter quelque chose de sincère. Doherty n’est plus là pour prouver, il est là pour exister, et c’est peut-être sa proposition la plus authentique depuis longtemps. Onze titres aux allures de confession intime, entre ballades folk telles que “Pot Of Gold” et rock minimaliste comme “Poca Mahoney”, qui surprend par son orientation plus brute. Une rareté dans le Doherty solo, d’ordinaire plus feutré. On serait tentés d’y lire les réminiscences de la furieuse carrière du dandy de Londres, un éclat de jeunesse filtré à travers un prisme plus apaisé.
Ce disque est le prolongement direct de la “nouvelle version” de Doherty que l’on découvrait déjà dans le poignant documentaire Stranger In My Own Skin (2023), réalisé par sa compagne Katia de Vidas. Il y parlait à cœur ouvert de sa lutte contre l’addiction, de ses failles, mais aussi de sa reconstruction. Le morceau-titre “Felt Better Alive” en est le versant musical le plus limpide. Le choix de ces mots “se sentir plus vivant” résonne comme un mantra discret mais fondamental dans la trajectoire d’un artiste qui a souvent flirté avec l’autodestruction.
Entre deux rivages
Felt Better Alive agit comme un point de rencontre entre les différentes facettes de la carrière musicale de Peter Doherty : ses projets en groupe (The Libertines, Babyshambles, Puta Madres) et ses collaborations, notamment avec Frédéric Lo. Cette convergence s’illustre particulièrement dans le morceau “The Day Of The Baron”, qui prolonge le titre “Baron’s Claw” du dernier The Libertines All Quiet On The Eastern Esplanade (2024). La mélodie est conservée, légèrement dépouillée, les paroles remaniées. Un pont discret mais révélateur entre deux chapitres de sa vie artistique.
Enregistré en Normandie, désormais terre d’adoption de Doherty, Felt Better Alive baigne littéralement dans cette nouvelle quiétude. Le morceau “Prêtre De La Mer” en est l’exemple le plus frappant : il intègre des éléments sonores captés sur place comme le bruit des vagues et la voix du prêtre local pour construire une expérience sensorielle inédite. C’est une chanson qui n’existe nulle part ailleurs. Elle témoigne de l’attachement de Peter à ce nouveau quotidien, loin du tumulte, mais tout aussi chargé en inspiration.
Enfin, “Empty Room”, qui clôture l’ensemble, est un titre 100 % Doherty. Une guitare, une voix. Rien de plus, rien de moins. Une ambiance dépouillée, introspective, presque fragile, qui donne l’impression d’assister à une confidence à demi-voix. Pas de surenchère : juste l’essentiel.
Avec Felt Better Alive, Peter Doherty signe un retour sobre, poignant et bouleversant de justesse. Loin des artifices et des excès, il livre ici un disque personnel, touchant et terriblement humain. C’est un album qui ne crie pas, il murmure, et c’est précisément pour cela qu’il nous touche droit au cœur.
Informations
Label : Strap Originals
Date de sortie : 16/05/2025
Site web : peterdoherty.tmstor.es/login?sid=1863&cur=EUR&overrideLanguage=fr
Notre sélection
- Felt Better Alive
- Poca Mahonney
- Empty Room
Note RUL
4,5/5