Chroniques

Passenger – Young As The Morning Old As The Sea

Un an après le second volet “Whispers II”, l’Anglais Michael David Rosenberg, auteur du désormais incontournable “Let Her Go”, déborde d’inspiration et dévoile dans la foulée son (déjà) septième disque “Young As The Morning Old As The Sea”. Après un début de carrière solo intimiste, l’artiste folk, propulsé par l’acclamé “All The Little Lights” (2012), semble persister dans les ballades acoustiques passe-partout, aujourd’hui aidé par une médiatisation toujours plus importante. Qu’en est-il de la douce mélancolie de Passenger après tout ce temps ?

Avec “Young As The Morning Old As The Sea”, Rosenberg change peu ou prou de direction artistique, suivant avec ténacité le même chemin initié à ses débuts. Que ce soit en matière de mélodies ou de structures, l’Anglais assume au plus haut point son image folk pop, offrant une nouvelle fois un ensemble de chansons d’apparence faciles mais au fond bien plus complexes et sensibles qu’à l’accoutumé.

Loin d’être le disque le plus triste et profond de la discographie de Passenger, ce septième essai tente malgré tout de redorer l’image du projet, de proposer une facette contemporaine d’un musicien très terre à terre et très attaché à ses lignes de guitares acoustiques élémentaires.

Ainsi, en continuité de ses travaux précédents, nos oreilles ne sont, dans un premier temps, que peu surprises par l’opening “Everything” ou “When We Were Young”, au schéma traditionnel et pouvant se retrouver sur n’importe quel autre long-format précédemment sorti. L’éblouissement est, quant à lui, plus d’actualité là où Michael David Rosenberg s’ouvre à d’autres styles plus pop rock et festifs, chose qu’il fait fort heureusement – et partiellement – avec “Young As The Morning Old As The Sea”.

Second single de l’album, “Anywhere” est l’exemple-type des nouveautés à explorer de Passenger. Hymne fédérateur et sans surproduction, le titre manifeste véritablement un côté joyeux et volontaire qui manquait grandement dans l’ensemble des disques du Britannique. Une touche respectant prioritairement l’univers du musicien tout en ouvrant son champ de possibilités. Il en va de même pour “If You Go” au riff de guitare électrique moins expressif mais néanmoins nécessaire au renouvellement.

A croire que la Nouvelle-Zélande – où Passenger a enregistré cet opus – ainsi que les musiciens live d’Angus et Julia Stone ont permis à l’artiste de redéfinir sa musique, d’établir un nouveau contexte musical où les genres se confondent, auquel cas il aurait quand même été plus intéressant d’avoir un essai dans son intégralité aussi complet musicalement.

Car ces petits détails se font trop rares ici et même le duo avec Birdy, “Beautiful Birds”, aux altruistes harmonies vocales n’y change rien : les mélodies faciles et aseptisées sont d’un côté la marque de fabrique de Passenger et de l’autre une prison sempiternelle faisant stagner le musicien à un statut d’artiste accessible. Une aptitude totalement défendable mais musicalement trop vide.

Michael David Rosenberg aka Passenger est toujours cet Anglais mélancolique et égal à lui-même. Mais alors qu’il est déjà possible de voir ce que donnerait une version améliorée de ses pistes, qu’attend-il pour se renouveler complètement ? “Young As The Morning Old As The Sea” est tout de même le septième disque solo de ce dernier et pourtant, il existe toujours une impression de déjà-entendu, de rentrer dans un univers dont on connait déjà les recoins. Il ne reste plus qu’à espérer que “Anywhere” influencera de façon positive la prochaine direction du chanteur. Il est grand temps de s’ouvrir !

Informations

Label : Black Crow Records
Date de sortie : 23/09/2016
Site web : passengermusic.com

Notre sélection

  • Anywhere
  • When We Were Young
  • Beautiful Birds (feat. Birdy)

Note RUL

2.5/5

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