Chroniques

Parquet Courts – Tally All The Things That You Broke

Avant de débarquer avec son premier EP, Parquet Courts n’était pas complètement inconnu. Ce quatuor originaire du Texas et du Massachusetts, basé à New York, a enflammé la scène Pression Live de Rock En Seine l’été passé. Avec leur guitare électrique et leur style digne de Pavement, The Modern Lovers ou The Velvet Underground, ces adeptes du DiY ne font rien comme les autres. Après avoir sorti un faux premier album, en 2010, “American Specialties” (en K7 audio uniquement), il débarque en Europe avec leur véritable opus, “Light Up Gold” en 2013 et la critique, tel un débat sur le “no future”, divise. D’un côté, ceux qui voient dans ces punks en herbe une simple réedite du passé et de l’autre, ceux qui applaudissent cette réappropriation des codes pour mieux les incorporer à notre époque. Quoi qu’il en soit, le petit dernier, l’EP “Tally All The Things That You Broke”, n’est même pas encore sorti qu’il fait déjà parler de lui.

Dès les première notes de “You’ve Got Me Wonderin’ Now”, la messe est dite : Parquet Courts est monté d’un cran dans la production. Nettement plus léché que sur la galette précédente et largement plus influencée, la bande d’Andrew Savage balance des riffs stéroïdés et primaires d’un punk sous amphétamines, parsemé d’une flûte à bec aussi comique qu’agressive. “Descend (The Way)” vient réanimer les rythmiques frénétiques des Buzzcocks et les larsens audibles des Ramones, le tout accompagné de cette voix hantée par le meilleur de Jonathan Richman. Plus loin, “The More it Works” déclenchera l’affrontement d’une ligne de basse teintée de The Velvet Undergound et d’une guitare scintillante de rapidité, l’arbitre, provenant du Massachusetts, jouera de ses beuglements s’apparentant à ceux d’un chef d’une meute de hooligans anglais bourrés. Nettement plus blues, “Fall On Yr Face” propose un voyage outre-Manche où un fermier criard rencontre une guitare garage en guise de beat, par moment le flow d’Andrew sera déformé, à la manière d’un vocoder sous acide. Expérimental au possible, “He’s Seeing Paths” conclura avec brio le travail des new-yorkais : la rencontre étrange d’un hip hop 90’s, de John Cage et d’un groupe de country. Du long de ses sept minutes et trente-huit secondes, le morceau ne cesse d’évoluer et d’étonner par sa direction, à la manière d’une balle en caoutchouc lancée à toute vitesse dans un petit appartement. Il ne reste plus grand chose de punk, si ce n’est l’esprit.

Jouissif, explosif, jeune et rétro, il y a tant de qualificatif pour décrire cet EP inventif et stylisé. Des guitares noisy, galopantes mais tenues, du punk subversif commémorant les directives de Minor Threat et Black Flag, avec l’élégance hautaine de Television, un revival post punk qui vaut facilement celui de The Vaccines. Tout cela pour mener à un snooze rap très Beastie Boys. Ne vous trompez pas, avec “Tally All The Things That You Broke”, Parquet Courts prépare son album à venir en 2014, et tout ce que cela présage, c’est que le rock indé new-yorkais a encore de très beaux jours devant lui.

Informations

Label : PIAS
Date de sortie : 07/10/2013
Site web : www.facebook.com/pages/Parquet-Courts/131054550418575

Notre sélection

  • You've Got Me Wonderin' Now
  • Fall On Yr Face
  • He's Seeing Paths

Note RUL

4/5