Chroniques

Parkway Drive – Ire

Le groupe australien Parkway Drive a tout juste treize années de carrière derrière lui et pourtant une histoire riche et une carrière bien pleine. En effet, à une vitesse folle, les garçons ont conquis le marché mondial grâce à leur identité propre, brutale, et des paroles incitant toujours plus et mieux à ne jamais abandonner, toujours se relever, et à se réaliser soi-même. Pour autant, ils ont décidé d’abandonner tout ce qui a fait leur renom aujourd’hui, afin de s’adonner à de nouveaux horizons musicaux sur leur dernier opus “Ire”.

En effet, les musiciens, qui semblaient avoir atteint une sorte de sommet avec “Atlas” en 2012, dévoilent ici une nouvelle facette de leurs compétences. “Ire” apparaît comme une compilation de ce qu’ils ont pu faire dans leur carrière auparavant, mais à un tout autre niveau. Nous y retrouvons des formules familières, ou des clins d’oeils assez évidents, à l’instar de l’introduction de “Crushed” comparable en tous points à celle de “Wild Eyes”. Le tout, agrémenté d’expérimentations assez surprenantes, comme l’introduction de “Writings On The Wall” aux airs versaillais, suivis d’un vocal d’outre-tombe, susurré, et prenant, auquel la formation ne nous a pas habitué. De façon général, Parkway Drive a mis le metalcore de côté pour s’expérimenter à un son plus heavy sur ce disque, et le pari est plutôt réussi : la patte est toujours présente, tout en étant suffisamment différente et beaucoup plus mature pour pouvoir dérouter les fans inconditionnels.

Pour autant, cette première identité n’a pas totalement été abandonnée. “Vice Grip”, par exemple, possède un son qui reste tout à fait dans la lignée des morceaux metalcore du combo, avec un son bien punchy et violent comme il faut, et tout en restant plus originale que la piste d’ouverture “Destroyer” qui, bien qu’étant intéressante notamment sur la batterie, n’a rien de bien nouveau par rapport à ce qu’il est possible de trouver ailleurs, bien que la piste semblait prometteuse. Mais les meilleures surprises arriveront sur la fin de l’effort. “Vicious” nous invite au voyage avec une introduction aux sonorités presque asiatiques, zen, avant d’exploser littéralement, pour un résultat assez jouissif dans son ensemble. Puis “A Deathless Song”, qui termine l’opus, fait son travail en beauté, puisque c’est très certainement la meilleure piste de ce “Ire”. Entre une acoustique impeccable, un solo envoûtant, et un chant irréprochable, le passage a cappella, la composition a quelque chose de prenant, réellement, au point où, enfin, l’on n’aurait presque plus envie que l’ensemble se termine. C’est ce qu’on appelle “terminer en beauté”.

Quant au thème général de l’essai, il est intéressant de remarquer que l’on passe d’un travail centré sur la personne, sur les disques précédents, à quelque chose centré sur le monde, quelque chose de plus large, sur cet effort. Nous ne sommes plus au point de l’Homme qui doit se construire et réaliser lui-même, mais à l’Homme réalisé qui prend conscience du monde détruit, abimé, et qui doit se battre pour le sauver, et garder la tête haute. Outre l’outro de “Bottom Feeder” qui ajoute un aspect assez authentique, cru et réel au message général de l’opus, avec le son d’un micro qui tombe, en même temps qu’un “fuck”, marquant un certain ras-le-bol, les paroles en général des chansons sont assez marquées par ce thème. “Crushed” est d’ailleurs celle qui sera la plus significative de cela, avec des paroles engagées sur le plan politique : “Can you seek a higher truth / When you’re living on your knees / Where freedom grows from blood soaked soil / In the lands of hypocrisy / Because if you can’t see the chains tell me what use is a key / It’s cash, blood and oil, in the age of the refugee / They’re trying to buy our minds, we ain’t selling / Bang, bang, bang, hear they’re nailing down the coffins / Cut the strings, feel your heart start / Cut the cord / Crack this code of silence / All our lives in the hands of tyrants”.

“Ire” est un excellent album. Il marque une nette progression dans la carrière de Parkway Drive, alors même qu’il semblait avoir atteint un sommet. En réalité, s’il ne sera pas forcément considéré comme leur meilleur travail par les fans, il est nécessaire de féliciter les Australiens d’avoir osé quitter la sécurité de ce qui les a rendus populaires, pour prendre un tournant qui leur correspond apparemment tout aussi bien. Si l’expérimentation ne réussit pas à tout le monde, elle a été la bienvenue chez eux, et nous espérons qu’ils pourront conduire encore longtemps sur la route qu’ils sont en train de se tracer.

Informations

Label : Epitaph Records / PIAS
Date de sortie : 25/09/2015
Site web : www.parkwaydriverock.com

Notre sélection

  • A Deathless Song
  • Vicious
  • Crushed

Note RUL

4/5

Ecouter l’album