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Palace Winter – …Keep Dreaming, Buddy

Quand certains artistes préfèrent repousser la sortie de leur album, d’autres comme Palace Winter choisissent de continuer de rêver… et de faire rêver grâce à leur univers musical.

Deux ans après “Nowadays” (2018), le duo australo-danois sort son troisième disque envers et contre toute crise sanitaire mondiale, “…Keep Dreaming, Buddy”. Les deux acolytes parviendront-ils à faire oublier 2020 le temps d’un album ?

Plus indépendants qu’indie

Carl Coleman et Caspar Hesselager sont des artistes libres, ce n’est pas leur dernier réalisation qui viendra dire le contraire. Catégorisé comme indie rock (autant dire l’étiquette que l’on donne aux groupes rock inclassables), Palace Winter joue selon ses propres règles. Une majorité de titres de plus de quatre minutes, des structures musicales parfois surprenantes de monotonie, des sonorités presque expérimentales : les deux hommes confirment leur style et leur conception de la musique dans “…Keep Dreaming, Buddy”, parfois au détriment du potentiel des morceaux.

Des compositions comme “1996”, “The Deeper End” ou encore “Rose”, bien qu’agréables par la douceur mélancolique du synthé ou des vagues électro-cosmiques offertes par l’instru, sont (n’ayons pas peur de le dire) gâchés par leur linéarité et leur longueur injustifiée. Un morceau de plus de six minutes ? Pourquoi pas, s’il raconte une histoire, même instrumentale, s’il offre la matière nécessaire à la persistance d’une écoute active. Mais ce n’est pas le cas pour “1996” par exemple, qui reste malgré tout une ballade aux accents juvéniles que l’on pourrait étrangement écouter plusieurs fois de suite sans se lasser.

Cette absence apparente de créativité dans la structuration des titres du dernier album de Palace Winter semble cependant se révéler être paradoxalement un choix artistique : celui de se complaire à faire la musique que l’on aime, sans se soucier de ce qu’un public peut en attendre.

Ondes cosmiques et failles spatio-temporelle

“…Keep Dreaming, Buddy” est loin d’être dénué de charme et encore moins d’identité. Dès l’intro de “Monument Eyes”, on se sent transporté ailleurs, back in the 80’s et ses sonorités analogiques, en toute sérénité. Cette dimension électro-cosmique se retrouve partout dans l’ensemble, tantôt plutôt entrainante dans “Won’t Be Long” tantôt planante dans l’excellent “Top Of The Hill” en duo avec le groupe Lowly.

L’apparente douceur mélancolique de l’ensemble cache cependant quelques titres plus pêchus et revigorants à l’image de “Richard (Says Yes)” et sa variété instrumentale qui dore magnifiquement ce morceau. L’énergie plus sombre de “Control” détonne légèrement du reste du disque, avec ses interludes presque expérimentaux qui provoquent des sortes de failles spatio-temporelles instrumentales à l’intérieur même du titre. Il est d’ailleurs l’un des seuls morceaux dont la construction et l’épaisseur crée la surprise. Dommage qu’il n’y en ait pas plus.

“Lava Moving Over The Land” en outro semble confirmer la thèse de la liberté artistique brandie par Palace Winter pour cet album. Douce comme une berceuse, cette conclusion cosmique s’achève sans violence, sur une longue instru analogique montant crescendo… qui nous laissera finalement sur notre faim.

Avec “…Keep Dreaming, Buddy”, la faille spatio-temporelle s’est ouverte l’espace d’un instant et a fait place au rêve d’un hiver plus serein. Le duo australo-danois impose son indépendance artistique et son univers sonore à travers ce dernier album, parfois malheureusement au détriment du potentiel de ses créations et des attentes du public.

Informations

Label : TAMBOURHINOCEROS
Date de sortie : 23/10/2020
Site web : palacewinter.com

Notre sélection

  • Top Of The Hill
  • Control
  • Richard (Says Yes)

Note RUL

 3/5

Ecouter l’album

Mathilde Deau
Inconditionnelle de festivals et ouverte à toute proposition musicale.