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Ozzy Osbourne – Ordinary Man

All aboard ha ha ha ha! Dix ans après le tant décrié (et horrible) “Scream” (2010), Ozzy Osbourne sort son douzième album solo. Depuis la fin de Black Sabbath, Ozzy Osbourne avait repris les tournées en compagnie de Zakk Wylde. Manque de chance, ce dernier n’apparaît pas sur le disque. Quand on connait la magie du duo, les interrogations sont nombreuses et légitimes. Légitimes car c’est Andrew Watt, vingt-neuf ans, qui produit “Ordinary Man”. Producteur de Post Malone, le featuring sur “Take What You Want” a permis cette curieuse rencontre. Qu’attendre donc du “Prince Des Ténèbres” aujourd’hui ?

Un processus qui n’est en rien ordinaire

Au premier abord, c’est l’équipe entourant Ozzy qui étonne. Outre Andrew Watt, une certaine Ali Tamposi est également créditée. Agée de trente ans, elle a co-écrit de nombreux morceaux avec des artistes tels que Selena Gomez, BTS, Nickelback, DJ Snake ou encore Kelly Clarkson. Curieux donc. Deux jeunes drivent ainsi un nouvel album d’Osbourne.

La section rythmique elle, est composée de Duff McKagan (Guns N’ Roses) et Chad Smith (Red Hot Chili Peppers), gage d’expérience et de créativité. Il y a donc une association entre deux à trois générations, pour créer “Ordinary Man”. Mais le pari est ambitieux. En effet, la musique fut composée et enregistrée en quatre jours, mais le principal intéressé n’en a eu vent que par la suite. Trois semaines plus tard, conquis, Ozzy enregistrait ses lignes.

Alright now! Come on now!

Le premier aperçu fut “Under The Graveyard”, qui par la suite fut illustré au travers d’un clip semi-autobiographique. Le morceau avait donné le ton. Avec une base bien heavy et l’association entre une certaine retenue, un refrain très catchy et un break incroyablement efficace et très modern rock. L’ensemble est ainsi très convaincant.

L’album est lui introduit par le second single “Straight To Hell”. A nouveau, c’est catchy et efficace. Les mélodies sont relativement simples, mais cette facilité fonctionne parfaitement. Associé au groove initié par la section rythmique, les guitares prennent de l’ampleur, aidées par une excellente production.

Des interrogations, des fulgurances

Néanmoins, l’équilibre est parfois difficile à trouver entre ce rock moderne, insufflé par le producteur/guitariste, au travers notamment d’effets compressés dont beaucoup de fuzz, et des phases redondantes couplet/refrain/couplet/refrain/break. Sachant également que le disque est globalement mid-tempo, impossible d’y échapper. “Goodbye” et “Today Is The End” illustrent bien ces remarques.

Fort heureusement, quelques pépites marquent l’écoute. Ainsi, lancé sur un petit air d’harmonica, “Eat Me” qui voit Duff balancer un bon petit riff, fait monter la sauce ! Beaucoup de groove, en toute simplicité et un final réussi. Du punch tant attendu. Il en sera de même avec l’agréable “Scary Little Green Men”, avec Tom Morello (Rage Against The Machine), superbement abouti.

Is this the end?

Les compositions sont bien ficelées malgré quelques petites longueurs. Quid de la prestation d’Ozzy ? Comme à son habitude, sa marque de fabrique, cette manière de chanter souvent linéairement est toujours perceptible, mais colle parfaitement à la musique. N’y passons donc pas des heures.

En revanche, il y a une constante au travers des morceaux et des paroles.”All My Life”, “Goodbye”, “Today Is The End” ou encore “Under The Graveyard”. Cette idée que la fin est proche, que sa fin est proche, imprime une lourde marque sur cet ensemble.

Côté paroles, le magnifique duo avec Elton John sur “Ordinary Man” -et le solo de Slash- et ce ton, telle une rétrospection, pèse et attriste. 2019 fut une année compliquée pour Ozz’ et son état de santé, entre autre, a sans doute eu un énorme impact dans ses écrits. Puis même si certains passages peuvent être imagés, c’est la gorge serré et les larmes aux yeux qu’on imagine mal Ozzy faire ses adieux là, de cette façon.

En associant cela au rythme global et la dynamique d’écoute, on a là de quoi s’interroger.

Deux inédits

Producteur de Post Malone, “It’s A Raid” voit le rappeur s’inviter sur le dernier titre. Très punk, très rock n’roll, l’association est curieuse mais entraînante. Bien que la voix d’Osbourne soit complètement trafiquée, ça dégage malgré tout du plaisir, du fun et un relâchement. Un morceau chaotique qui correspond à Ozzy en tout point. Quant au riff de base, Duff n’y est sans doute pas pour rien, lui qui a débuté dans le punk et le pop punk.

L’album s’arrête là. Sauf qu’un bonus est inclus d’office dans la plupart des versions de “Ordinary Man”. Ce dernier est “Take What You Want”, qui apparaît sur le troisième album de Post Malone, sur lequel Ozzy s’est greffé avec Travis Scott. Cette association est totalement délirante mais d’ajouter ce titre à l’album, ici, l’est encore plus.

Musicalement, les guitares font écho à certaines compositions et l’espace réservé à Ozzy est OK. Quant au reste, c’est plutôt surprenant et agréable. Mais la question qu’on peut se poser est la suivante : si le “Prince Des Ténèbres” ne sortait plus rien à l’avenir, pour X raisons, l’ultime morceau figurant sur son ultime disque serait un featuring en compagnie de Post Malone et Travis Scott ?! Imaginez donc !

I don’t want to die an ordinary man

Un pari réussi. Entre modernité et nouveauté, cet album d’Ozzy Osbourne version 2020, est cohérent. On peut regretter l’absence de Zakk Wylde -on aurait eu tout autre chose- mais cet ensemble est agréable.

Même s’il est quasi acté que ces morceaux ne seront jamais joués en live, leurs écoutes raviront certainement les fans.

Quant à savoir si ce douzième album sera le dernier de sa carrière ? Seul l’avenir nous le dira. Mais si cela venait à se confirmer, alors sa sortie aura été belle.

Informations

Label : Epic Records / Sony Music
Date de sortie : 21/02/2020
Site web : www.ozzy.com

Notre sélection

  • Ordinary Man
  • Eat Me
  • Under The Graveyard

Note RUL

 4/5

2 commentaires

  1. ” Quant au riff de base, Duff n’y est sans doute pas pour rien, lui qui a débuté dans le punk et le pop punk.”

    Vérifiez un peu vos propos. McKagan a bien commencé en étant – déjà – batteur avant de devenir bassiste et ses plus anciennes racines musicales appartiennent bien au Punk mais alors le Pop-Punk, faut pas déconner. Ce mouvement est né fin des années 90 sous l’influence de groupes comme Blink-182 et Sum 41 (on peut mettre à la limite The Offspring comme les vrais précurseurs avec l’excellent “Smash). Duff était dans le building depuis un sacré moment et n’a donc jamais débuté dans la veine Pop-Punk.

    1. Encore heureux que je me documente, de plus Fastbacks est qualifié de “pop punk”.

      A partir de là, les “puristes” peuvent se déchirer entre eux si ça fait passer le temps.

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