Of Mice And Men – Another Miracle

Il y a des albums qui ne cherchent pas seulement à proposer une nouvelle collection de titres, mais à raconter un état d’esprit. Another Miracle, la nouvelle offrande d’Of Mice & Men, appartient clairement à cette catégorie. Le groupe ne cherche pas ici à prouver quoi que ce soit : il s’expose. Il décortique ses propres fractures pour en tirer une matière sonore dense, parfois suffocante, parfois lumineuse.

On a l’impression d’entrer dans un espace où la vulnérabilité est une force, où la colère ne sert pas à détruire mais à comprendre, où chaque note résonne comme un battement de cœur malmené mais encore debout. Un album de survie émotionnelle, en somme.

Les ténèbres comme point de départ

Dès “A Waltz”, Of Mice & Men façonne une ambiance qui pourrait servir de scène à une confession. Le titre commence comme un rituel : lent, inquiétant, presque fragile… puis un mur de guitare vient tout transpercer. Le morceau donne immédiatement la clé de lecture du disque : rien n’est simple, rien n’est univoque. C’est un ballet entre rage et retenue, entre instinct et lucidité.

Cette tension se prolonge dans “Troubled Water”. Ici, la tempête se fait plus personnelle : les couplets sont étouffés, retenus, comme une confession livrée à demi-voix par Aaron Pauley. Puis tout éclate dans un refrain massif, urgent. Le morceau incarne les luttes invisibles, celles qui tordent l’intérieur avant qu’on accepte enfin de les laisser sortir. Le groupe y révèle une maturité rare : brutale dans la forme, sensible dans le fond.

Quand le chaos laisse filtrer une brèche

Avec “Wake Up” on change complètement de texture. L’acoustique qui ouvre le titre n’est pas là pour faire joli : elle respire. Elle sert d’espace, de pause, presque de répit avant que l’ombre ne reprenne sa place. Mais ce qui frappe ici, c’est l’humanité du morceau. L’appel du refrain, “wake up” n’est pas un slogan. C’est une main tendue. Une invitation à sortir du brouillard, à remettre les pieds dans sa propre vie, même quand elle pèse lourd.

Avec “Another Miracle”, l’album trouve son point d’équilibre émotionnel. Le morceau avance comme une quête, une recherche d’un souffle nouveau, fragile mais réel. Les arrangements, larges et enveloppants, créent un sentiment d’élévation sans jamais sacrifier la profondeur. La montée finale porte un espoir discret, mais sincère – celui qu’on ressent lorsqu’on réalise qu’on tient encore debout malgré le poids du monde. C’est une chanson pour ceux qui se relèvent même quand personne ne les regarde et que la nuit ne recule pas. Un titre qui incarne parfaitement ce combat silencieux qu’on mène contre soi-même.

Avec Another Miracle, Of Mice & Men propose un disque qui agit moins comme un coup de tonnerre que comme une lumière discrète, mais tenace. Il ne révolutionne rien, et pourtant il touche, parce qu’il parle vrai, parce qu’il sonne juste.

C’est une œuvre qui ne force pas l’émotion : elle l’invite. Elle laisse la place à la respiration, au doute, à la reconstruction. Et quand tout s’achève, il reste cette impression simple et précieuse : malgré la noirceur, quelque chose continue de briller. Un rappel que parfois, tenir debout suffit déjà à appeler ça un miracle.