Chroniques

Obits – Bed And Bugs

Quatuor formé par des ex-stars de la scène rock indé, Obits est composé par Rick Froberg (ex-Pitchfork, Drive Like Jehu et surtout Hot Snakes), Sohrab Habibion (ex-Edsel), Greg Simpson à la basse et Alexis Fleisig (batterie). Leur nom est une abréviation cynique de “obituary”, comprenez nécrologie. Après un album de chauffe remarqué et acclamé, “I Blame You” (2009) suivi de “Moody, Standard And Poor” (2011) dans la même veine, un rock garage bien old school, avec un minimum absolu de fioritures. Ils jettent également de-ci de-là du surf rock agrémenté de ce je-ne-sais-quoi de The Cramps depuis “Everything Looks Better In The Sun” et “New August”. Après une longue tournée aux USA, Obits transforme un appartement à Arlington, Virginie, en un studio et enregistre “Bed And Bugs”. Mais cette fois pour composer, ces anciens se sont laissés bercer par The Byrds, Chrome, Dr. Feelgood, Ethiopiques et JJ Cale.

De prime abord, la bande de Froberg n’a pas vraiment décrassé son punk rock bien gras pour élargir son terrain de jeu musical. “Taste The Diff” sent l’alcool et la sueur d’un vieux rade de motards collé à la route 66. La guitare roule sa bosse sur le titre au gré d’une vieille Harley conduit par un Froberg à la voix cassée par les excès, indéniablement rock. A contratio, “Spun Out” dérive du côté de la folk pop légèrement énervée, toute en retenue, et mélodiquement plus recherchée que ce que propose Hot Snakes. “It’s Sick” se la joue protopunk mais Rick Froberg sur-joue un aspect déluré de sa personnalité dans la lignée de Johnny Rotten. Bonne surprise de l’album, “This Must Be Done” tire vers une pop psychédélique à l’image de 13th Floor Elevators où la guitare sonne tel un retour d’acide. Plus loin, “Besetchet” livrera une expérience instrumentale de la même trempe en plus kitsch. Passé “Operation Bikini” probablement très fun en live mais inaudible en galette, arrive le séduisant “Malpractice”. La basse s’élance, explose et se symbiose au reste du groupe, l’ensemble finira par devenir répétitif. Malgré l’énergie impressionnante et l’intéraction entre les membres du combo, il y a un sentiment sous-jacent trop propre, trop poli, trop pop. A l’instar de “This Girl’s Opinion”, “Pet Trust” ou encore “Receptor”. Descendant des Stooges ou de MC5, Orbits a néanmoins perdu dans le ton et la technique, beaucoup de son énergie révoltée. D’un autre côté, “Machines” aurait dû terminer cet opus tant son inspiration et cette dérive complète, tel un ovni parmi ces titres, représente la douceur et la réinvention de la formation. Aérien et mystique, jouant sur la force des chœurs, d’une guitare disto et d’une batterie hypnotisante par sa retenue. “Double Jeopardy (For The Third Time)”, véritable dernier morceau, ne sera qu’un marasme musical de blues et de punk assez mou.

“Bed And Bugs” n’est pas le disque de la consécration pour Obits mais il présente tout de même quelques pépites prouvant l’excellente tournure que prend le quartette new-yorkais. Douceur, psychédélisme et mélodies faussement pop effacent peu à peu l’énergie et la ferveur qui disparaît (pour certains) avec l’âge. Les néophytes seront perdus, les puristes seront satisfaits tandis que Obits prend son temps à parfaire sa mutation vers la sagesse plus vraiment garage de son rock n’roll.

Informations

Label : Sub Pop Records
Date de sortie : 10/09/2013
Site web : www.obitsurl.com

Notre sélection

  • Machines
  • This Must Be Done
  • Besetchet

Note RUL

3/5

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