Chroniques

Norma Jean – Wrongdoers

Depuis leurs débuts en 1997 sous le nom de Luti-Kriss, les Norma Jean ont suivi une évolution sonore les faisant passer d’un neo metal/fusion commun à un metal aux effluves hardcore avec la sortie de leur dernier album “Meridional” en 2010 et sa volonté mélodique affirmée. Aujourd’hui, les américains se munissent de l’ancien batteur de Fear Before et présentent leur dernière création, “Wrongdoers”, à l’attirance post harcore prononcée, dans une énergie qui se veut vandale, comme l’insinue le titre.

Sixième album du groupe de Georgie, “Wrongdoers” entraine l’auditeur dans un véritable chaos sonore, le pressant au milieu d’un tumulte instrumental des plus détonnants, survolé par un chant solide et opiniâtre. L’ouverture de l’album passe par “Hive Minds” et permet une entrée en matière progressive avec l’arrivée lente et lourde de la formation qui se met en forme adroitement pour amener, l’auditeur, à leur déferlante de guitares grésillantes, soulignées par une basse qui sait s’imposer et une batterie acharnée. Dérapage de guitares et raclements de cordes vocales sont les maitres mots du disque qui semble parfois reprendre les airs d’un faux jumeau de The Chariot. Un aspect mathcore hyperactif virevoltant exposé au cours de l’efficace “If You Got It At Five, You Got It At Fifty” et sa pluie de guitares surmenées par une batterie dévastatrice; mais également avec “The Potter Has No Hands” en plein déraillements. Grincements, larsens et distorsions viennent agrémenter le metal révolté de Norma Jean, procurant une texture sonore foisonnante. Par ailleurs, l’acharnement punk hardcore apparent de “Wrongdoers”, le titre éponyme de l’opus, dévoile une teinte rock alternative lors d’un instant de guitare et de chant clair, devancé par une dynamique fracassante, frappant de plein fouet comme de véritables obus sonore. Une teinte totalement déployée dans “Sword In Mouth, Fire Eyes” à la suite d’une intro de basse bien grasse, dans un morceau à la structure particulièrement conventionnelle. Ce titre se démarque des autres compositions en changeant clairement d’ambiance par le développement du chant clair de Cory Brandan Putman, qui dérape sur quelques apostrophes growl. Comme pour séparer deux parties bien distinctes, “Afterhour Animals”, qui se situe à l’exacte moitié de l’effort, se positionne comme la curiosité de l’album avec pour seul composition un collage sonore d’une séance d’hypnotisme sur fond de réverbération de guitare. L’opus continue pourtant comme il a commencé en nous affabulant d’un chahut mélodique détonnant et ne s’affaiblit pas pour autant en assénant les curieux d’un metal ravageur toujours aussi présent. Une perpétuelle fureur qui s’exalte dans l’efficace et destructrice “The Lash Whistled Like A Singing Wind”, avançant comme un bulldozer, et se confirme dans l’embrasement rythmique de “Funeral Singer” et “Neck In The Hem” qui nous harcèle à coups de double pédale ultra rapide qui fuse dans les airs pour mieux nous assaillir. L’ultime hostilité de l’essai se fait de manière distinguée dans un titre long de plus de quatorze minutes, “Sun Dies, Blood Moon” qui joue de multiples facettes. Avec une entrée en douceur au son de guitares coopérant avec un chant clair apaisé, le morceau retourne la situation en refaisant appel à ses démons destructeurs pour à nouveau se calmer au son de quelque piano et violoncelle au milieu d’un silence lunaire. C’est dans un ultime assaut que le growl de Putman vient s’écorcher avec une hargne inébranlable pour finalement s’évanouir à la moitié de la progression du titre, avec une partie instrumentale faisant ressurgir le vrombissement d’une tourmente sonore en décrépitude.

“Wrongdoers” est un solide opus qui évite tout essoufflement en assurant un post hardcore virulent en prenant des directions mathcore qui nous ébranle d’un tumulte sonore discordant. La formation de metal chrétien semble évoluée depuis quelques albums dans une veine de prédilection dans laquelle elle se démènent parfaitement. Révélation, illumination ou aveuglement, l’artwork de l’opus laisse flotter la réelle détermination du groupe dans cette branche dans un tiraillement divin entre metal et hardcore.

Informations

Label : Razor & Tie
Date de sortie : 05/08/2013
Site web : normajeannoise.com

Notre sélection

  • If You Got It At Five, You Got It At Fifty
  • Sun Dies, Blood Moon
  • Hive Minds

Note RUL

4/5