Chroniques

Nine Inch Nails – Hesitation Marks

Originaire de Cleveland dans l’Ohio, Nine Inch Nails voit le jour en 1988 sous la patte de Trent Reznor, à la notoriété aujourd’hui clairement affirmée. Cinq ans après le dernier album en date, “The Slip” (2008), en plein dans les compositions de bandes originales de films, à la tête de How To Destroy Angels et désormais père de famille, l’hyperactivité de Reznor semble quelque peu avoir eu raison de lui avec “Hesitation Marks”.

Un nouveau livre s’ouvre dans la vie de Reznor qui semble avoir délaissé la tristesse pour le mariage et la solitude pour la paternité; ce qui marque un nouveau rebond pour le groupe tout entier. Nous accueillant dans l’ambiance sombre et inquiétante de “The Eater Of Dreams”, “Hesitation Marks” est un album au franc penchant electronica, qui déploie une palette de quatorze titres parfois plus longs les uns que les autres, en nous déclinant des variantes musicales souvent trop subtiles pour être immédiatement appréciables. Annoncé par Trent Reznor en mai, l’opus, premier à être distribué chez Columbia Records, était présenté comme celui d’un travail de retour aux sources, qui se révèle plus ou moins biaisé. Constituant un essai fidèle au son du groupe, on y retrouve tous ses éléments constitutifs : boite à rythme, rejet d’efficacité, effets de voix passant du canon aux échos (“Came Back Haunted”, “Running”), en bref, Reznor recycle ce qui constitue NIN mais n’en sort rien de probant; ce qui forme un album typique mais fade. Toutefois, l’effort laisse transparaître une réelle technique qui devient perceptible en s’imprégnant de l’album et de son ambiance. Sans mentir à l’univers que l’on connait à la formation, “Everything” vient intelligemment briser la monotonie de l’album et se démarque des autres morceaux en apportant une touche d’ensoleillement pop efficace, que l’on peut également rapprocher de l’aspect rock indé de “In Two”. “I Would For You” s’écarte lui aussi de l’impression de “chutes d’anciens albums” qui constituent ce “Hesitation Marks”. Avec sa structure bipolaire, il nous soumet à son aura sombre et plaignante, mouvementée par des élans de riffs, marqué par une basse lourde et grasse, voire même un piano en fin de morceau; rappelant ainsi les sources de NIN et sa destruction sonore. Malgré l’invasion électronique de l’album, “Satellite” tourne la boite à rythme à son avantage en lui donnant un effet graphique dynamique qui procure au chant plus de portée. En fin de compte, le disque souffre d’un manque d’affirmation dans les compostions. C’est ce que transmet “Came Back Haunted”, aux guitares incisives, certes, mais à la personnalité trop effacée; ou encore l’ambiance froide au penchant expérimental de “Find My Way” et “All Time Low” qui témoignent du manque de riffs accrocheurs et qui ne parviennent à rien dégager, si ce n’est un aspect calme mais surtout fantomatique. “Hesitation Marks” ne se fait pas tant envahir par ses défauts mais plutôt par son manque et une tonalité inanimée, ce qui tend vers une musique d’ambiance apathique, comme avec le lancinant “Running” et son manque d’énergie palpable, ainsi que le minimaliste “While I’m Still Here” et son extension instrumentale “Black Noise” qui se rattrape, malgré tout, en mettant fin à l’album de manière dantesque.

Huitième album des américains, “Hesitation Marks” n’est évidemment pas à la hauteur des succès qui ont forgé la réputation de Trent Reznor. Cependant, la galette marque un retour affirmé du groupe qui musicalement, devrait satisfaire les fans par son atmosphère froide et monotone qui parvient, d’une certaine manière, à transmettre un malaise intrigant.

Informations

Label : Universal Music / Mercury
Date de sortie : 03/09/2013
Site web : www.nin.com

Notre sélection

  • I Would For You
  • Satellite
  • Everything

Note RUL

3/5

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