Chroniques

Muse – Simulation Theory

Après trois ans passés sur les routes pour défendre “Drones” lors d’une tournée marathon triomphante, les célébrissimes Muse nous font l’offrande d’un huitième effort répondant au nom de “Simulation Theory”. Toujours très attendus au tournant, les Britanniques trouvent aujourd’hui autant d’adorateurs que de détracteurs, leur musique évoluant de manière significative depuis “The 2nd Law” sorti en 2012. Cette album sera t-il celui de la réconciliation entre les nostalgiques du heavy rock des débuts et les adeptes de toutes expérimentations bienvenues ? Balle au centre.

Les premiers clips dévoilés avaient donné le ton : c’est un trio nostalgique des années 80 et toujours fasciné/effrayé par les technologies futuristes que nous (re)découvrons au travers de cet opus à la pochette digne d’une affiche de film de SF signée Kyle Lambert (“Stranger Things”). Ce qui a pu “choquer” certains à la découverte desdites vidéos, c’est cette quasi absence de guitare au profit de machines de plus en plus huilées et de sonorités pop beaucoup plus présentes qu’à l’accoutumée.

Si l’on en croit les dires de Matthew Bellamy, Muse a à son actif suffisamment de matériel rock pour tenir un concert entier et l’envie permanente d’innover prédomine sur le besoin de recréer un ersatz de “New Born” ou “Hysteria”. Alors bien sûr “Simulation Theory” n’est pas un album de tango mais il est à signaler des changements de sons importants dans la carrière déjà très prolifique des Anglais sans toutefois renier ses origines (of Symmetry… facile !).

Nous voilà donc au cœur de la machine et “Algorithm” lancé, premier constat qui ne nous quittera plus ensuite : jamais Muse n’aura bénéficié d’un son si puissant côté électronique. Le morceau prend son temps et délivre ici et là de jolies nappes de pianos ainsi que quelques clins d’oeil au passé notamment dans les quelques passages de guitare et la façon de chanter de Matthew qui donnent un côté épique à l’ensemble.

Dans tous les morceaux présents, il est impossible de ne pas reconnaître la patte du groupe mais il faudra pour beaucoup un certain laps de temps afin de digérer -ou accepter- les expérimentations commises sur “Propaganda” et son petit coté Prince sous acide ou pire, les vocalises sous vocoder sur le trip “Break It To Me” et son passage carrément dubstep.

Un titre comme “Blockades” parvient plus aisément à rallier les deux “camps” et n’aurait pas dépareillé sur “Black Holes And Revelations” (2006) tant le trio y fait montre de tout son savoir faire. La très radio friendly “Something Human” risquera cependant d’agacer par son côté trop propre mais également d’attirer de nouveaux auditeurs aux critiques peut être moins acérées que les aficionados désireux de plus de riffs.

Ce qui est sûr, c’est que les trois compères se sont fait plaisir en créant cet univers rétrofuturiste confrontant les outils du passé et les technologies de demain, faisant de même avec leur musique qui continuera à faire parler, même s’il est fort à parier que le groupe s’en aMUSE.

Informations

Label : Warner Music
Date de sortie : 09/11/2018
Site web : www.muse.mu

Notre sélection

  • Algorithm
  • Pressure
  • Blockades

Note RUL

3.5/5

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