Chroniques

Moose Blood – Blush

Un an et demi après l’acclamé “I’ll Keep You In Mind, From Time To Time”, la troupe emo Moose Blood remet le couvert avec “Blush”, son second disque studio et premier publié via Hopeless Records. Ayant gagné en maturité et en expérience depuis ses débuts en 2012, le quatuor excelle aujourd’hui dans sa propre catégorie, où sincérité lyrique et authenticité solennelle sont de mises.

La dernière fois que Moose Blood nous avait offert un présent musical, celui-ci fût un beau recueil de chansons indie rock emo passionnelles et vulnérables, loin de révolutionner le genre mais néanmoins joliment accomplies. Un disque sombre et parfois expéditif qui laissait déjà entrevoir à l’époque la volonté du groupe de mettre au même niveau dans ses compositions lignes chant et mélodies qui, sans jamais se marcher dessus, se complètent et s’entraident.

Avec “Blush”, les Anglais ne dérogent pas à cette dernière règle mais explorent des contrées plus pop indie rock, où les guitares sont moins criardes, lancinantes et plus éloquentes. Car cet album n’est pas celui de la surenchère – comme l’ont espéré une partie des fans – mais bien celui de la réflexion et de l’auto-méditation, d’un nouveau souffle mis en avant par une production précise et épurée. Ici se présente à nous un univers où la mélancolie peut s’exprimer de façon moins accablante et où chaque subtilité apporte son lot d’émotion.

Ouvert par le duo dynamique “Pastel” et “Honey” (ndlr : chacune des pistes a un nom en rapport avec une nuance de maquillage) aux antipodes de “I’ll Keep You In Mind, From Time To Time”, “Blush” est principalement composé de chansons charmantes et timides à la fois, quasi-toutes emmenées par des riffs de guitare minimalistes en avant par rapport aux rythmiques. Une recette humble et profitable que l’on retrouve par exemple sur “Sulk”, “Glow” et le fort “Knuckles”, permettant au chanteur Eddy Brewerton de s’adonner à son enchaînement de critiques et de complaintes dans un contexte moins rabaissant qu’auparavant. Et quand bien même l’atmosphère est enclin à l’abattement (aka l’enchaînement de “Shimmer” et “Spring”), l’ambiance se voit rapidement rehaussée avec douceur (“Freckle”), la pleine monotonie n’étant pas le chemin artistiquement recherché ici.

Au contraire, les Anglais assument leurs envies d’évasion et d’ouverture musicale, un attitude largement plus fédératrices allant de pair avec leur aura originel, amenant avec introspection et bienveillance des sujets délicats développés par l’intermédiaire de mélodies consolantes. “Blush” est donc comme le grand frère de son prédécesseur, plus optimiste et réaliste à la fois, ayant appris de ses erreurs du passé tout en restant soi-même.

Moose Blood n’est plus le même groupe emo d’il y a quatre ans, il est aujourd’hui bien plus que ça. Avec “Blush”, les quatre camarades ont réussi le pari risqué mais nécessaire d’adoucir leur son au bénéfice d’un opus doux et triste, tout en gardant une éthique nette et un discours sincère. Avec des paroles sans langue de bois et des titres riches, la formation sort légèrement de sa zone de confort sans pour autant perdre ses repaires, ni son talent. La troupe a grandi, sa musique aussi.

Informations

Label : Hopeless Records
Date de sortie : 05/08/2016
Site web : mooseblooduk.com

Notre sélection

  • Freckle
  • Knuckles
  • Pastel

Note RUL

4/5

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