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Miley Cyrus – Plastic Hearts

Que ceux qui adoraient réduire Miley Cyrus à la country de “Hannah Montana” ou à ses apparitions provocantes se préparent : “Plastic Hearts”, son nouvel album, risque de vous forcer à revoir votre copie.

A seulement vingt-huit ans, Miley Cyrus sort son septième disque, “Plastic Hearts”. Certes, il sera en partie question de relations amoureuses, mais aussi de rock, d’une voix hors norme et d’une artiste qui semble arriver à maturité.

Oiseau de nuit

Miley vit la nuit. Ou c’est du moins ce que l’on comprend de ce nouvel album. Au-delà des intitulés de l’entêtant “Midnight Sky” et de l’irrésistible “Night Crawling” en duo avec Billy Idol, l’intégralité des titres est teintée d’allusions nocturnes, dans ce qu’elle peut avoir d’apaisant, de terrifiant ou d’excitant. Définitivement bien plus rock et profond que ses précédentes sorties, la popstar américaine semble arriver à un tournant de sa vie et le matérialise par ses choix artistiques.

“WTF Do I Know” introduit dès les premières notes de basse cette voix si singulière que l’on (re)connait, mais ici explosive et puissante sur une mélodie rock incroyablement percutante. Les quinze morceaux s’enchainent ensuite de manière intelligente, nous permettant de reprendre notre souffle ici et là, de manière très sporadique. La douceur aux accents pop country de “Angels Like You” ou de “High” viennent contrebalancer la rage de “Hate Me” ou la dance répétitive de “Prisoner” en duo avec Dua Lipa (qui est clairement le moins bon morceau de l’ensemble).

La part d’ombre de Miley Cyrus et son rock sont tout sauf linéaires : ils se parent de toutes sortes d’influences, à l’image de l’histoire musicale de l’artiste.

Retro gaming

Miley Cyrus est un poids lourd de l’industrie musicale américaine et possède le carnet d’adresses qui va avec. Amoureuse des tendances rétro (ce n’est pas son mulet blond peroxydé qui viendra nous contredire), la popstar désormais rockstar s’est accompagnée des plus grands pour donner une saveur particulière à “Plastic Hearts”.

Avec Billy Idol, elle offre un duo étrangement et irrépressiblement entrainant sur “Night Crawling” et son atmosphère rock analogique. L’étonnant “Bad Karma” mêle les voix de Miley et Joan Jett sur un morceau situé quelque part entre le chamanisme et le rock 80’s, dont les petits gémissements rappelleraient presque l’inoubliable “Do You Wanna Touch Me (Oh Yeah)” de Joan. De son côté, la reprise live de “Heart Of Glass” sauce Miley enragée tranche avec la douceur originelle du titre et y apporte une véritable valeur ajoutée. Que dire des échos trainants et de l’analogique de “Never Be Me”, offrant un aller sans retour pour les tubes fin 80’s ?

Originaire de Nashville, fille de Billy Ray Cyrus et filleule de Dolly Parton, Miley Cyrus est parvenue à dépasser la country traditionnelle de ses racines pour se créer une bulle musicale de plus en plus personnelle et sincère.

Le chemin de la maturité

Popstar très jeune grâce à son rôle dans la série Disney “Hannah Montana”, l’évolution musicale de Miley Cyrus a souvent suivi les tendances. Quelque chose semble cependant avoir changé avec “Plastic Hearts”. Très subversive dans ses paroles et apparitions scéniques depuis quelques années, l’énergie dévastatrice et le malaise existentiel de l’artiste semblent se cristalliser dans un nouveau style rock empreint de confidences.

Que ce soit sur des morceaux sombres comme “Gimme What I Want”, ou ses tubes rock “Midnight Sky”, “WTF Do I Know” ou “Hate Me”, Miley semble plus sûre d’elle mais toujours tiraillée. Elle oscille constamment entre d’un côté sa rage de vivre et son indépendance (“I was born to run, I don’t belong to anyone”), et d’un autre son énergie destructrice et ses doutes persistants (“I should walk away but I think I’ll stay” sur “Golden G String” en outro original). En bonus, c’est d’ailleurs sa magnifique cover live de “Zombie” (The Cranberries) qui vient magistralement conclure “Plastic Hearts”, de sa voix rocailleuse trop prometteuse pour se taire. 

Avec “Plastic Hearts”, Miley Cyrus parvient à offrir un tournant à son art sans renoncer totalement à ses influences. L’Américaine y évolue avec beaucoup de sincérité, d’une voix toujours incroyablement puissante et à la créativité qui semble enfin bientôt arriver à maturité.

Informations

Label : Sony Music / RCA Records
Date de sortie : 27/11/2020
Site web : mileycyrus.com

Notre sélection

  • Night Crawling
  • WTF Do I Know
  • High

Note RUL

 4/5

Ecouter l’album

Mathilde Deau
Inconditionnelle de festivals et ouverte à toute proposition musicale.