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Metallica – The Metallica Blacklist

Metallica célèbre les trente ans de son cultissime Black Album avec pas moins de 53 artistes invités pour réinterpréter les douze morceaux initiaux. De Jake Balvin à Idles, en passant Dave Gahan, c’est un rassemblement éclectique et surprenant qui contribue à cette édition ambitieuse.

De belles réussites

Les réinventions des morceaux fonctionnent vraiment lorsque l’artiste qui reprend arrive à transporter le titre choisi dans son univers. La croisée des genre débouche alors sur une proposition inattendue, qui attise l’oreille. C’est exactement ce que fait Idles avec “The God That Failed”. Une folle reprise, qui semble tout s’autoriser pour un résultat aussi jouissif que déroutant. Véritable claque auditive, le morceau passe à travers la moulinette punk metallique des Anglais pour trouver une nouvelle vie qui rend la version d’Imelda May bien fade.

Titre phare et mainstream du “Black Album”, “Nothing Else Matters” supporte toutes les facéties créatives tant il est réussi. La version avec Elton John, Miley Cyrus, Watt, Yo-Yo Ma et Chad Smith sera certainement la plus médiatisée. L’intro au piano de Sir Elton fonctionne à merveille, les autres apports instrumentaux arrivent à magnifier sans tomber dans le trop mielleux, mais la voix de Miley ne semble pas apprécier la tonalité du morceau. Le titre prend une autre résonance avec l’élégance du minimalisme de Dave Gahan. Le leader de Depeche Mode fait vivre le texte avec tant de retenue et de justesse, qu’il justifie à lui tout seul l’édition anniversaire.

Des interprétations déroutantes

L’exercice permet la comparaison des idées et des univers. “Sad But True”, ne compte pas moins de sept invitations à redécouvrir le titre. Royal Blood a choisi de rester fidèle à l’original tout en apportant son son caractéristique. Sam Fender tente de mettre en scène le texte, à la croisée du folk et de la grandiloquence, il rate un peu son tir. D’autres comme le Mexican Institute Of Sound ou Jason Isbell And The 400 Unit prennent le parti d’embarquer l’auditeur vers des contrées inattendues. L’incorporation de sons et de chant latinos donnent un rendu improbable et clivant pour le premier.

Biffy Clyro délivre une version percutante de “Holier Than Thou” qui oscille entre psychédélisme et heavy. Le même titre devient punk à souhait dans la version de The Chats. Mais c’est avec Off! que le morceau se prend une vraie gifle. L’énergie, l’intention punk et la folie du final transcende l’original. Après tant d’exubérance, la version classique de Corey Taylor pourrait paraître désuète, mais la puissance jubilatoire du leader de Slipknot relève la note. “Wherever I May Roam” par Jake Balvin fonctionne étonnamment bien. Le rendu de la fusion des styles est moderne et séduisante. Même constat avec le “Don’t Tread On Else Matters” ou “Through The Never” par The Hu.

Des titres moins convaincants

Pas facile de s’attaquer à un monument comme “Enter Sandman”. Mac Demarco s’y casse les dents avec une version sans intérêt. Juanes tente une approche latine avec une réinterprétation du riff d’intro, mais le manque de puissance du chanteur se fait cruellement sentir et rend la version assez plate. Weezer rend une copie (trop) propre et (trop) attendue. Alors que deux artistes se démarquent. Ghost appose tous les éléments de son univers céleste pour donner une dimension religieuse juste parfaite. Rina Sawayama arrive à booster le morceau avec une vision electro survitaminée. Une belle surprise.

Cage The Elephant prend une bonne option avec une version sobre, psyché et diablement envoûtante de “The Unforgiven”. Les autres artistes se succèdent sans parvenir à captiver, en particulier la version dégoulinante de José Madero. Volbeat n’apporte rien à “Don’t Tread On Me”, Michael Poulsen tombant dans une imitation trop appuyée de James Hetfield. Rodrigo Y Gabriela sont les seuls artistes à figurer deux fois dans la liste des morceaux. Après la belle réussite de leur reprise de “Orion”, ils réitèrent avec un peu de moins de brio sur “The Struggle Within” et déçoivent un peu sur la seule version de “Of Wolf And Man”. Non pas que leur version ne soit pas réussie, mais leur duo avec Goodnight, Texas offrait un potentiel séduisant qui aurait pu aller plus loin pour devenir sensationnel.

Ne serait-ce pas trop ?

Cinquante-trois artistes pour douze morceaux. Le simple déséquilibre entre ces chiffres est annonciateur d’un pari trop ambitieux pour réussir. Le Black Album est devenu une institution en séduisant un public plus large. Il fut également annonciateur de la fin de la brillance artistique du quatuor metal le plus connu au monde. Pierre angulaire dans la carrière du groupe, son anniversaire méritait certainement un événement exceptionnel, mais était-ce le choix le plus judicieux ?

Présentée dans un coffret de quatre albums, l’édition est difficilement écoutable d’une traite. Comment garder de l’intérêt pour six versions de “Enter Sandman” suivies de sept versions de “Sad But True” ? Si quelques versions feront sûrement leur bout de chemin dans les charts comme dans le cœur des fans, d’autres n’ont juste pas le niveau pour célébrer cet anniversaire.

The Metallica Blacklist est le parfait témoignage de la démesure de Metallica, une compilation de réinterprétations allant du moyen au très bon à écouter avec parcimonie pour en apprécier toute sa diversité et richesse créative.

Informations

Label : Universal Music / Virgin Records
Date de sortie : 10/09/2021
Site web : www.metallica.com

Notre sélection

  • Nothing Else Matters (Dave Gahan)
  • The God That Failed (Idles)
  • The Unforgiven (Cage The Elephant)

Note RUL

 3,5/5

Ecouter l’album

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Marion Dupont
Engagée dans la lutte contre le changement climatique le jour, passionnée de Rock et de Metal le soir !