Chroniques

Me And That Man – Songs Of Love And Death

Projet teasé depuis de longs mois par Nergal himself, le premier album de Me And That Man voit enfin le jour. Formation réunissant l’emblématique Nergal, leader de Behemoth, et John Porter, énigmatique rocker anglo-polonais, Me And That Man se veut un échappatoire aux carrières respectives des deux protagonistes. Délire jusqu’au boutiste ou véritable naissance d’un groupe à part entière, qu’en est-il de ce “Songs Of Love And Death” ?

Plutôt habitués aux déflagrations blasphématoires de Behemoth, cet ensemble n’en est pas pour autant une totale surprise pour toute personne suivant de près la carrière de Nergal. On sait l’homme véritable encyclopédie du rock dans tous ses recoins et c’est donc avec une certaine logique que ce disque regroupe un répertoire de chansons puisant sa source auprès d’influences assez facilement identifiables. Si l’opus a une couleur blues, country voire même folk, on peut dégager deux artistes comme garants du temple Me And That Man : Nick Cave et Johnny Cash. Les chansons oscillent sans cesse dans une ambiance poussièreuse, nous promenant dans un désert aride, peuplé de personnages et de bâtiments, tous de noir vêtus.

Que ce soit avec l’incroyablement efficace “My Church Is Black” ou l’émouvante “Cross My Heart And Hope To Die”, Nergal chante avec le charme d’un crooner désabusé, le rapprochant très souvent du style d’un Nick Cave. John Porter, quant à lui, apporte la touche folk à cet album. La route, le voyage et la nuit comme piliers, “Nightride” ou “On The Road” nous ferons voyager dans l’Amérique des années 50. Bien que les deux collaborent souvent sur le même titre, le fait qu’ils s’attribuent chacun des morceaux particuliers ne gênent à aucun moment la cohérence et la continuité de ce “Songs Of Love & Death”. On distingue les nuances et on apprécie les rebondissements sans qu’à aucun moment, on ne fasse un écart trop grand qui nous fasse quitter la route.

“Songs Of Love And Death” est un effort studio déjà mature. Résultat de la collaboration de deux artistes chevronnés, suffisamment sereins avec leurs influences respectives pour proposer un essai qui a l’humilité de ne pas révolutionner le genre mais qui propose tout de même un propos incroyablement qualitatif. Les chansons sont construites avec intelligence (la progression sur “Voodoo Queen” ou le rock brûlant de “Get Outta This Place”), ce qui le rend intelligibles très rapidement. On ne se lassera pas de sitôt des plongées dans cet univers peuplé d’humains sombres mais chaleureux. Un endroit où la vie ne leur fait plus, où il est uniquement question de regarder en avant et en arrière, sourire en coin, la sagesse comme meilleure amie.

Informations

Label : Cooking Vinyl
Date de sortie : 24/03/2017
Site web : www.meandthatman.com

Notre sélection

  • My Church Is Black
  • Better The Devil I Know
  • Get Outta This Place

Note RUL

4/5

Ecouter l’album

Nathan Le Solliec
LE MONDE OU RIEN