Chroniques

Marty Friedman – Wall Of Sound

Quand on connaît sa glorieuse décennie au sein de Megadeth, on oublie parfois que Marty Friedman est un guitariste prolifique sur tous les fronts. Entre ses débuts avec Hawaii et Cacophony,  ainsi que ses nombreuses collaborations, il livre avec “Wall Of Sound” son treizième album solo.

Après un instant de contemplation devant la pochette d’une élégante sobriété, “Self Pollution” ouvre les festivités. Morceau acéré nous accordant un instant de répit par le biais d’une ambiance lyrique, il constitue une introduction parfaite pour ce voyage auditif. Le guitariste soliste se fait le chef d’orchestre de musiciens accomplis pour mener à bien une cadence virtuose de déferlante speed metal, mais pas que.

Dès la deuxième piste “Sorrow And Madness”, le premier guest nous confirme l’importance de bien s’entourer. En intronisant Jinxx, le violoniste de Black Veil Brides, Friedman démontre ses influences classiques pour les modeler à son état d’esprit. La chevauchée en bonne compagnie continue avec “Pussy Ghost” où Shiv Mehra (Deafheaven) libère une atmosphère inquiétante à l’aide de sa six cordes. Le seul organe vocal audible sur ce disque est celui de Jørgen Munkeby (Shining), rythmant “Something To Fight” avec toute la puissance dont il peut faire preuve.

Le panel d’émotions que délivre chaque chanson nous rapproche plus de Brian May que de Steve Vai, fort d’une capacité à faire chanter son instrument. Des mélodies comme celles de “Streetlight” sont capables de faire du charme aux amateurs de Muse tout en rappelant aux puristes des arrangements dignes d’une composition de James Horner. Fidèle à lui-même, il parcourt ses thèmes de prédilection (le Japon avec “The Soldier”, les souvenirs avec “For A Friend”) en utilisant une sensibilité et une énergie qui surpasse sa maîtrise en la renouvelant sans cesse. Une source d’inspiration qui s’inscrit dans la logique de ce musicien depuis maintenant plus de trente ans, nous enveloppant un peu plus à chaque fois dans un univers intime, devenu familier au fil des écoutes. Les onze morceaux nous entraînent à travers les pensées de l’artiste, tout en prenant le soin de visiter chaque pan de son évolution.

Le travail de production, mené par Paul Fig, n’est pas en reste pour participer à la qualité de cette diversité. Ayant débuté et perfectionné son art au feu studio Sound City, son parcours passe de Alice In Chains à Johnny Cash sans sourciller. Il forme ici un duo remarquable avec Jens Bogren, collaborateur régulier de Kreator et Opeth. Pour agrémenter le résultat, “Streetlight” et “For A Friend” sont produites par Reinhold Mack, producteur légendaire par son travail d’ingénieur du son avec Electric Light Orchestra et Queen. Une équipe idéale pour donner naissance à un album plus accessible qu’on ne le croit.

Marty Friedman signe un témoignage musical immersif d’une beauté surprenante. Le stéréotype voudrait que les disques instrumentaux de guitaristes à la technique étendue soient la cible d’un public exclusivement avisé. Augmentez le volume pour briser les préjugés et consolider ce mur du son.

Informations

Label : Prosthetic Records
Date de sortie : 04/08/2017
Site web : www.martyfriedman.com

Notre sélection

  • Streetlight
  • For A Friend
  • The Soldier

Note RUL

4/5

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