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Luke Spiller – Love Will Probably Kill Me Before Cigarettes And Wine

Après une décennie à arpenter les scènes du monde entier avec The Struts, Luke Spiller quitte un instant la route du glam rock pour emprunter un autre chemin : celui de l’introspection, ou du calme après la tempête. Ce premier album solo n’est pas un caprice d’ego, mais bien une offrande artistique de dix titres aux allures d’œuvre pensée comme une pièce en deux actes.

Acte I

Dès les premières notes, “Devil In Me” annonce la couleur : une virée cinématographique dans les méandres d’un artiste en quête. Le morceau s’ouvre sur des arrangements dominés par des cordes dramatiques et une basse profonde, dans une ambiance qui rappelle les génériques de films noirs. La voix de Luke Spiller s’y déploie avec une intensité feutrée, presque murmurée, comme s’il se confessait à huis clos avant de livrer un refrain à la fois grandiose et retenu.

“If This Isn’t Love” prend la suite, fausse ballade romantique à la structure épurée. Le morceau avance à pas lents où chaque accord semble être une déclaration d’amour. Ici, l’arrangement reste sobre, centré autour du piano mettant en valeur la voix de Spiller au bord de la rupture.

Puis vient “The Ending Is Always The Same”, morceau charnière, où un subtil mélange de cuivres ajoute une patine rétro et légèrement jazzy à l’ensemble. Cette texture chaleureuse apporte une profondeur nouvelle à l’esthétique sonore du disque.

Point de rupture

Dans le sillage de cette montée émotionnelle surgit le titre éponyme, “Love Will Probably Kill Me Before Cigarettes And Wine”, véritable manifeste artistique. Musicalement, c’est sans doute le morceau le plus ambitieux de l’album. Il convoque une palette orchestrale riche (cordes, vents, percussions légères) au service d’un crescendo dramatique. La voix de Spiller y prend une tournure plus narrative, presque cinématographique, évoquant un Alex Turner période The Last Shadow Puppets. La structure évoque la montée inexorable d’un chagrin trop longtemps contenu, jusqu’à l’explosion finale. Ce morceau marque symboliquement le basculement vers l’acte II.

Acte II

À partir de “I’m With Her”, l’album adopte une posture différente : les morceaux ne parlent plus seulement de l’amour comme d’une blessure. La musique se densifie sans jamais s’alourdir. Les arrangements gagnent en profondeur, les influences s’élargissent : Luke Spiller a évoqué Scott Walker, Lana Del Rey, ou encore Serge Gainsbourg comme faisant partie de ses références pour ce projet. Le morceau “Don’t Be Afraid To Love Me” incarne à merveille ce virage.

En guise de clôture, “The Sound Of Love” et “Angel Like You” forment un diptyque sonore d’une grande finesse, où l’émotion passe avant tout par la maîtrise des textures. “The Sound Of Love” repose sur un base de piano, où chaque note semble suspendue dans l’air. L’absence de rythmique marquée donne au morceau une qualité quasi flottante où la voix de Spiller est dépouillée de tout artifice.

“Angel Like You”, dernier souffle du disque, est construit autour d’arpèges cristallins, de cordes feutrées et d’une batterie jouée avec retenue. Le morceau incarne une respiration finale après la densité émotionnelle de l’album, comme une lumière au sortir de l’orage. Un titre d’autant plus chargé d’émotion qu’il inclut la dernière performance batterie enregistrée par le regretté Taylor Hawkins, batteur des Foo Fighters et ami de Spiller. Un hommage posthume d’une beauté déchirante.

Love Will Probably Kill Me Before Cigarettes And Wine n’est pas un disque pour les fans de The Struts qui chercheraient un simple interlude. C’est un album pour ceux qui aiment quand la musique fait mal. Luke Spiller signe une œuvre rare et audacieuse. Un pari risqué, mais largement réussi.

Informations

Label : Big Machine Label Group
Date de sortie : 25/04/2025
Site web : www.instagram.com/lukespiller

Notre sélection

  • Love Will Probably Kill Me Before Cigarettes And Wine
  • Don’t Be Afraid To Love Me
  • Angel Like You

Note RUL

 4/5

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Kaithleen Touplain
Historienne de l'art et passionnée de musique rock à mes heures perdues.