Chroniques

Lou Reed & Metallica – Lulu

Suite à leur prestation commune en octobre 2009 rendant hommage aux 25 ans du Rock And Roll Hall Of Fame à New York, Lou Reed (ex-Velvet Underground) et les Four Horsemen ont décidé de collaborer le temps d’un album. Ce projet, répondant au “doux” nom de “Lulu” s’inspire de deux pièces écrites par l’écrivain Frank Wedekind (“L’Esprit De La Terre” et “La Boite De Pandore”), qui racontent la déchéance d’une danseuse tombée dans la prostitution. Pour ceux qui sont dans l’attente fébrile, rassurez-vous, le disque “controversé” sortira le 31 octobre 2011.

L’annonce de cette collaboration en a étonné plus d’un : certains étaient au bord de l’infarctus, criant à l’hérésie pendant que d’autres (moins nombreux, somme toute) étaient à deux doigts de la jouissance, hurlant au génie. La difficulté va être d’analyser “Lulu”, un opus composé de 2 CD (10 titres) pour une durée totale de 90 minutes, de manière suffisamment objective. Tout d’abord, il faut bien dire que le choix de l’artwork a de quoi attirer l’attention : la “femme-tronc” avec son côté un peu rétro et l’écriture en lettres de sang donnent un sentiment un peu malsain voir glauque. Ce qui finalement, correspond bien au contenu de l’album. Ce qui n’en fait pas pour autant une “belle” pochette (chacun jugera) mais qui nous donne plutôt un avant goût de ce qui va suivre. Tout comme le sujet traité, l’effort est assez sombre dans l’ensemble et la voix reconnaissable de Lou Reed y est pour beaucoup. On ne peut pas vraiment dire qu’il chante mais plutôt qu’il narre une histoire de manière assez monocorde, voire ennuyeuse. Pour les inconditionnels de Lou Reed, pas de bouleversements de ce côté-là même si par moments on sent quelques faiblesses. Si cela reste supportable sur certains titres comme “Brandenburg  Gate” ou “Iced Honey”, sur les autres, on a vraiment l’impression d’entendre “l’arsouille” du coin. De temps en temps, la voix de James Hetfield vient s’ajouter à celle de Lou Reed ou alterne avec lui comme sur “The View” histoire de donner un peu de puissance. Cependant, l’alliance des deux voix n’est pas toujours une réussite, ce qui est le cas sur la fin de “Cheat On Me”. D’un point de vue musical, on retrouve heureusement, ici et là, des riffs typiques de Metallica. Là aussi les afficionados vont reconnaître la marque de fabrique du quatuor. Ainsi, aux ambiances lourdes de certains morceaux se succèdent d’autres, beaucoup plus rapides comme sur “Mistress Dread”, ce qui fait vraiment du bien. Certains morceaux s’achèvent sur des accélérations et à certains moments les instruments reprennent enfin le dessus comme sur “Dragon”. On regrettera toutefois une redondance au niveau des riffs ainsi que ce côté cyclique comme sur “The View” ou “Pumping Blood”. D’une manière générale, les pistes sont assez longues et certaines auraient bien mérité d’être raccourcies, voir supprimées. C’est le cas du dernier titre “Junior Dad”, durant plus de 19 minutes et qui, pendant 6 minutes, ressemble plus à un encéphalogramme plat qu’à autre chose. A noter aussi l’inutilité de “Little Dog”.

Projet audacieux, “Lulu” apparaît comme un ovni, une sorte d’hybride qui risque d’en déstabiliser plus d’un. Mais bon, relativisons. Sachant que les textes avaient déjà été écrits par Lou Reed, la participation de Metallica ressemble plus à une mise en scène de la pièce, une sorte de bande originale d’une œuvre. Difficile de rentrer dedans et de trouver des points de repères. Du coup, on essaye de se raccrocher à des riffs qui ne nous sont pas inconnus avant de replonger dans un univers qui d’un coup nous redevient complètement étranger. Espérons juste que ce genre de projet restera d’ordre exceptionnel.

 

Informations

Label : Universal Music / Mercury
Date de sortie : 31/10/2011
Site web : www.loureedmetallica.com

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  • Branbenburg Gate
  • The View
  • Frustration

Note RUL

2.5/5