En 2021, Lorde surprenait avec Solar Power, un album aux sonorités colorées et éloignées de son univers habituel, déconcertant ainsi plus d’un auditeur. Quatre ans plus tard, la chanteuse revient avec Virgin, un disque plus intime, franc et résolument ancré dans son époque.
Un album dans son temps
Né d’une rupture amoureuse, ce court album de 34 minutes puise également dans d’autres épreuves personnelles récentes : troubles alimentaires, haine de soi, remise en question de son identité de genre. Lorde confie s’être inspirée des écrits de la lauréate du Prix Nobel de littérature Annie Ernaux pour nourrir sa création et le tout fonctionne avec brio, elle se dévoile avec une transparence inédite. Sur le plan musical, l’ensemble adopte un son épuré et électronique, marqué par l’influence assumée de Charli XCX et son album qui continue de hanter notre été : Brat. Les rythmes de drum and bass sur “Shapeshifter”, la voix plus vocodée sur “Current Affairs”, ou les pulsations électroniques intenses de “Hammer” contribuent à faire monter la tension, tout en s’inscrivant dans un univers sombre et mélancolique qui lui est cher. La recette s’avère parfaitement maîtrisée.
Une comparaison inévitable à son premier album
Virgin s’inscrit également dans une lignée gothique et introspective, invitant inévitablement à la comparaison avec Pure Heroine, son premier album en le citant même dans son dernier morceau “David”. Le single “What Was That” illustre cette maturité nouvelle, avec des percussions électroniques omniprésentes qui confèrent un caractère frontal aux morceaux. Au sein d’arrangements minimalistes, souvent bâtis autour d’un seul synthétiseur, la voix de Lorde conserve toute sa puissance évocatrice.
Comme évoqué, son style d’écriture, plus brut, plus parlé que chanté, va droit au but et touche profondément. Le titre “Clearblue” en est le parfait exemple. Presque a cappella, il explore la peur de la maternité après un rapport non protégé, avec des paroles poignantes et très crues. Cette franchise nouvelle nous saisit et mélangée avec ses instrumentalisations minimalistes mais puissantes nous offre des pépites comme “GRWM”. Avec un rare talent dont on ne doute plus, Lorde parvient à créer une pop intelligente, portée par des mélodies finement travaillées et des textes profonds.
Le seul bémol de cet album réside dans sa brièveté : 34 minutes pour 11 morceaux, c’est bien trop court quand la qualité est tellement au rendez-vous. Virgin confirme l’évolution artistique de Lorde, qui, en osant la vulnérabilité et l’expérimentation sonore, signe un disque à la fois personnel et résolument moderne, capable de toucher au plus profond ses auditeurs. On en redemande.
Informations
Label : Universal Music
Date de sortie : 27/06/2025
Site web : www.lorde.co.nz
Notre sélection
- Shapeshifter
- Current Affairs
- If She Could See Me Now
Note RUL
4/5