Chroniques

Lofofora – Monstre Ordinaire

Connu pour ses textes engagés, Lofofora, groupe parisien de rock/fusion, reste un modèle pour de nombreux groupes depuis sa création en 1989. En effet, après plus de vingt ans de bons et loyaux services, sept albums et quelques remaniements au sein du line up d’origine, le combo est prêt à remettre le couvert. Ainsi, Reuno Wangermez (chant), Daniel Descieux (guitare), Phil Curty (basse) et Vincent Hernault (batterie) sortiront le 24 octobre prochain leur nouvel album intitulé “Monstre Ordinaire”.

Quatre ans après la sortie de “Mémoire De Singes”, Lofofora nous revient plus en forme que jamais. Et force est de constater que Lofo n’a rien perdu de sa hargne habituelle. Comme à l’accoutumée, Reuno toujours en verve, nous fait part de ses états d’âmes. Il faut bien dire que les “tristes” actualités sont une source d’inspiration intarissable. Le disque est relativement sombre et l’on retrouve sur l’ensemble des onze titres les thèmes privilégiés de Lofofora. Toujours en lutte contre une société corrompue, superficielle, Reuno dénonce, une nouvelle fois, les maux de cette société gangrenée. A travers ses textes, il peut tout aussi bien se référer à notre quotidien (“Le Visiteur”) qu’à des faits divers (“Un Mec Sans Histoire”). C’est une véritable croisade contre l’individualisme, l’indifférence, la résignation. Ainsi, tour à tour, le chanteur devient acteur de ses propres textes. S’il nage en plein délire dans “Ma Folie”, il devient témoin d’une civilisation forcée dans “Les Conquérants” mais aussi vendeur (ou plutôt charlatan) “d’indifférence” sur “Elixir”. Débutant sur des roulements de tambour, il nous interpelle. Ainsi, nous devons nous-mêmes des protagonistes. La violence des propos est mise en évidence par son chant hurlé caractéristique, par les riffs agressifs mais aussi par la batterie puissante (car rappelons-le, c’est le premier opus avec leur nouveau batteur). Ce dernier apporte par ailleurs un souffle nouveau. Quant au rythme de l’album, il semble varier en fonction des morceaux et de leur thématique. Par exemple, “La Merde En Tube” doit avoir un impact direct. C’est un titre sans concession et la rapidité d’exécution du morceau va dans ce sens. Et inversement, Lofofora, peut à sa guise, ralentir le tempo pour instaurer une ambiance plus pesante et des riffs plus lourds. Ce qui est le cas sur les deux derniers titres, “Frustrasong” et “La Beauté Et La Bête”, qui achèvent ce septième effort studio sur un final à l’ambiance inquiétante, quasi “apocalyptique”. Mais malgré tout, l’espoir est bien présent sur certains morceaux comme “Les Evadés” à condition toutefois d’en prendre conscience, sans se cacher derrière un placebo.

Sans s’éloigner des sentiers battus, Lofofora ne lâche pas le morceau et nous assène une nouvelle fois un album coup de poing. Usant et abusant de cynisme, il donne à réfléchir sur ce “Monstre Ordinaire”, qui au gré du disque, peut revêtir différentes formes.

Informations

Label : At(h)ome / Wagram
Date de sortie : 24/10/2011
Site web : www.lofofora.com

Notre sélection

  • Les Evades
  • Elixir
  • Frustrasong

Note RUL

4.5/5