Chroniques

Local Natives – Sunlit Youth

Deux excellents premiers albums et trois années d’attente, autant dire que Local Natives se sera fait désirer pour son retour sur les devants de la scène. Prenant le contre-pied de la période sombre qu’a traversée le groupe pendant l’ère de “Hummingbird”, les Américains ont cherché à se recentrer sur une musique positive et à élargir leurs horizons en enregistrant notamment entre la Thaïlande, la Malaisie et le Nicaragua. Il en résulte un opus coloré et résolument optimiste, qui comporte son lot de bonnes surprises mais aussi de déceptions.

Premier titre dans la carrière de la formation à ne comporter aucune guitare, “Villainy” donne le ton d’un album marqué par l’élargissement du style de Local Natives à la musique électronique au sens très large du terme. Ce virage avait déjà été amorcé avec succès sur le deuxième essai, il est ici complètement assumé. Et il est difficile de ne pas être surpris par la prépondérance des sonorités électroniques sur ce à quoi nous avaient habitués les musiciens depuis leurs débuts, où guitares, basse, piano et voix se mariaient parfaitement pour produire des mélodies fouillées et rythmées par des percussions très travaillées.

Désormais, le combo va de l’avant et propose une autre formule. L’atmosphère de “Gorilla Manor” (2009) et, dans une certaine mesure, de “Hummingbird” (2013) se retrouve tout juste sur “Ellie Alice”. Les guitares se font plus rares (“Jellyfish”), les parties de basse, devenues très linéaires, se fondent parmi les couches de sons synthétisés, tandis que la boîte à rythme prend le dessus sur la batterie, heureusement toujours aussi efficace, de Matt Frazier. D’où parfois cette sensation que la musique se confond avec celle de formations actuelles dont l’originalité reste limitée.

Mais en dépassant ces premières impressions, on reconnait que les cinq musiciens se distinguent toujours grâce à la finesse de leurs arrangements et leur sens du détail. Les harmonies vocales, véritable marque de fabrique de LN, ne manquent pas à l’appel et enrichissent des compositions aussi bien réellement bonnes que moins mémorables, ainsi de l’alliance des voix de Taylor Rice et de Kelcey Ayer sur une “Sea Of Years” pas vraiment percutante ou sur “Coins”, titre intéressant marqué par la performance remarquable d’Ayer.

D’un autre côté, les Américains n’ont rien perdu de leur capacité à façonner des hymnes fédérateurs qui n’auront aucun mal à convaincre sur scène (“Psycho Lovers”, “Everything All At Once”). Et que dire de “Fountain Of Youth”, l’un des morceaux les plus puissants jamais composés par le groupe, qui symbolise parfaitement l’énergie et la force de l’espoir qui se dégagent de cet effort.

Ce troisième disque de Local Natives est réussi, bien qu’on ne puisse pas s’empêcher d’être mitigé à son écoute. Les Angelenos ont su faire évoluer leur son avec assurance et liberté au risque de tomber parfois dans une pop, certes efficace, mais un peu trop prévisible. Quoiqu’il en soit, “Sunlit Youth” assure à ses auteurs une belle place dans le panthéon des formations de la musique indépendante des années 2010.

Informations

Label : Infectious / PIAS
Date de sortie : 09/09/2016
Site web : thelocalnatives.com

Notre sélection

  • Fountain Of Youth
  • Coins
  • Ellie Alice

Note RUL

3/5

Ecouter l’album

Gabrielle de Saint Leger
Indie rock, folk, shoegaze, post tout, etc. -> https://www.last.fm/fr/user/stealthisystem