Linkin Park – Papercuts – Singles Collection (2000-2023)

Le mythique groupe californien est de “retour“. Un an après la réédition de l’album Meteora (2003) agrémenté de titres inédits, Linkin Park nous propose cette fois un best of de ses singles étant les mieux vendus. Cette fois, deux morceaux inédits font leur apparition.

Tu nous manques Chester

Le décès tragique du chanteur et co-leader du groupe en 2017, Chester Bennington, a laissé un grand vide dans le monde de la musique, et surtout chez Linkin Park. Bien que le dernier album de l’époque, One More Light (2017), ait reçu un accueil mitigé par les fans, les ambitions du groupe étaient toujours bien présentes et ce dernier enchaînait les concerts. Quelques fans français chanceux auront même pu les apercevoir au Hellfest. Après le suicide de son ami, Mike Shinoda, chanteur et co-leader de la bande également, se retrouvait dans une impasse. Fallait-il continuer sans Chester ou tout simplement tout arrêter?

Dans un premier temps, ce fut silence radio. Arrive alors 2020, année durant laquelle LP sort une réédition de Hybrid Theory (2000) pour son vingtième anniversaire. En 2023, les choses s’accélèrent avec la sortie de Meteora 20th Anniversary Edition, sur lequel se trouve cinq morceaux inédits. Ces derniers étaient prévus pour apparaître sur l’édition de l’époque, mais n’étaient pas encore aboutis. Que ce soit “Lost”, “More The Victim” ou encore “Fighting Myself”, ces morceaux sont d’une efficacité implacable et vraiment représentatifs de la formation. Scream de Chester, chant râpé de Mike, riffs électriques, tout y est.

Very Very best of

Alors que vaut ce mélange de singles qui peut paraître de prime abord assez hétérogène, tant le son et l’univers du groupe ont évolué au fil de sa carrière ? L’ensemble s’ouvre sur “Crawling”, l’un des morceaux les plus connus de Hybrid Theory, faisant la part belle à la voix du regretté Chester. Ce dernier la chantait a cappella lors de ses derniers shows, dans le public. Frissons garantis. Suivi de “Faint” apparu sur Meteora, le début sonne prometteur. Arrive ensuite la première surprise, du meilleur effet. Le featuring avec Jay Z sur “Numb/Encore”. Présent sur leur EP commun Collision Course, ce mash-up parfait est un véritable hit à sa sortie en 2004.

Les titres les plus connus du groupe s’enchaînent ensuite, pour notre plus grand plaisir. Allant de “Breaking The Habit”, “Papercut” ou “In The End”, l’écoute se fait sans pause ni temps mort. Le disque qui avait commencé à diviser les fans hardcore du groupe, Minutes To Midnight (2007), s’insère bien dans la succession de singles. On y retrouve “Bleed It Out”, toujours aussi punchy, “What I’ve Done” et “Leave Out All The Rest”. A Thousand Suns (2010) et Living Things (2012) sont aussi de la partie, avec respectivement “Waiting For The End” pour le premier et “Burn It Down suivi de “Castle Of Glass” pour le second. Même “One More Light” issu de l’album éponyme est présent, pour un moment un peu plus calme et contemplatif en milieu d’écoute.

AZERTY

Le meilleur moment de cette compilation est à coup sûr “QWERTY”, disponible sur des raretés de LP du début de sa carrière. Le titre est lourd, à la limite du metal. Les performances caractéristiques au chant des deux leaders sont parfaitement mises en valeur. Chester Bennington est déchaîné, criant à s’en trouer la gorge. On ne l’a rarement entendu aussi énervé. Le tout est contrebalancé par le rap de Shinoda, qui s’insère toujours aussi bien dans le son.

Ce Papercuts – Singles Collection (2000-2023) se clôt sur “Lost”, inédit présent sur le Meteora de 2023, suivi de “Numb” qu’on ne présente plus. Véritable hymne d’une génération pré-smartphone/début d’Internet. La vingtième et ultime chanson est “Friendly Fire”. Vrai morceau inédit, tiré des sessions d’enregistrement de One More Light. Le son y est plus pop, électro, à l’image du disque de 2017. Néanmoins, la chanson est plus que convaincante. Et puis, il faut le dire… quel plaisir de retrouver Chester Bennington.

Alors que penser de ce best of ? Musicalement, c’est un sans-faute. Les singles phares sont quasi tous présents, et leur écoute se fait avec plaisir. Leur enchaînement est fluide et très bien construit. Un néophyte du groupe qui commencerait par ce disque penserait même que c’est un album à part entière, et non un best of.

Le petit bémol se trouve du côté de la pertinence. Depuis la mort de Chester, Linkin Park ou plutôt la Warner, enchaîne les sorties de rééditions, avec quelques nouveautés certes, mais l’intention semble clairement mercantile. Comme si la maison de disque pompait tout ce qu’elle pouvait de la tombe de Bennington. À quoi bon rester dans le passé, aussi radieux qu’il ait pu être. Un peu de nouveauté, même avec simplement Mike Shinoda au chant, serait la bienvenue.

En tout cas, les fans de Linkin Park s’y retrouveront et c’est bien là l’essentiel. Nul doute que de nouveaux se créeront après l’écoute de ce Papercuts – Singles Collection (2000-2023).