LeSpark – LeSpark

Attention, ne pas confondre avec ce vieux groupe nommé Spark datant de la fin des 60’s et crée à Los Angeles. Ici, c’est LeSpark, un quatuor électrique parisien qui se forme en 2009 et, contrairement à Spark, ce n’est pas de la glam pop mou du genou, oh ça non ! Ce groupe emprunte les trépidations de l’asphalte new-yorkais, l’associe au British Beat Boom avec cette nuance puissante de blues. Les jeunes rockeurs comptent à leur actif de nombreux concerts, dont les premières parties de Pete Doherty et Mick Taylor (ex-guitariste de The Rolling Stones) et pour leur premier album, il est évident que LeSpark ne se moque pas de son public car ce n’est pas moins de dix-sept titres qu’offre l’éponyme “LeSpark”. Maintenant, il faut savoir si la qualité est à la hauteur de la quantité.

Lancement folk pop avec “Saturday Night”, le morceau laisse apparaitre la voix de Thomas Baigneres, à mi-chemin entre la sensualité de Mick Jagger et la nonchalance de Pete Doherty, ainsi qu’une mélodie d’harmonica d’excellente facture. Légèrement plus rythmé, “Back To The Rainbow” continuera son déploiement dans les 60’s. Par la suite, le disque prendra le pas du blues, du vrai, celui qui se décrasse à coup de guitares rugissantes, d’une rythmique fauve et éblouissante, une basse qui surgit à pas de loup, sans oublier les apparitions d’harmonica toujours aussi excellentes. “Wanna Get High” viendra hurler à vos oreilles avec ses influences de The Kinks avec un Chuck Berry à la guitare qui s’ignore. “Go Back Home” ira se poster près du delta du Mississippi, un exil vers Main Street au riff de guitare strident. “Uncle Joe” ira toucher du doigt Jack White, envenimé par un combat rocambolesque entre une guitare grasse et boogie et un harmonica tonitruant de force et de technicité, un titre de très haute volée, extrêmement punchy rassemblant les fans de blues de toutes les générations. “Flûtes 67” sort aussi du lot et démontre la qualité que peut offrir LeSpark avec des textes en français, dans la lignée du plus noir de Gainsbourg et du plus prenant de Thiéfaine. Dans une ambiance folk aérienne à la guitare aux envolées psycho billy, le morceau hypnotise par ses rires machiavéliques et son clavier déstructuré. Nettement plus rock, “Heart Attack” ira emprunter le meilleur de The Black Keys pour savamment le distiller dans une rythmique épurée et entrainante. “Satisfy My Soul” continuera sur cette lignée, mais cette fois, LeSpark fera un tour dans les 60’s avec une guitare brit rock à patte de chat, à l’instar de Keith Richards, de son côté, la voix se fait granuleuse et explosive. “Moonlight Shines On You”, plus calme dans une ambiance stone rock très aérienne où la basse et le clavier s’immiscent sournoisement dans votre cortex pour en prendre le contrôle. La guitare est tout bonnement jouissive entre riff gras, rythmée et d’inspiration psychédélique, “Something Good For You” reste dans cette lignée pour le plus grand plaisir de vos conduits auditif. Autour de ces compositions, imbibées de bourbon enflammé, se poste ici et là des ballades rock lancinantes et cotonneuses accentuées par une voix rauque paternaliste venant des Velvet et une guitare claire et harmonieuse : “Portland Town”, “I Keep Singin’ For You”, “Scream And Shout (For Rock’N Roll)” prendront cette tournure. L’opus se termine sur l’expérimentale “Butterfly”, où le clavier offre une chrysalide capiteuse et minimaliste, la voix se fait entendre par écho, la guitare féline susurre aux oreilles, une torpeur agréable, saisissante.

LeSpark est un prodigieux météore de rock et de sensualité. Entre diverses influences allant du blues noir américain et du rock n’roll au British Beat Boom en passant par le psychédélisme des sixties, LeSpark fait la preuve de rock nerveux efficace et virevoltant entrecoupé de ballades écorchées vives sur l’autel du sex, drugs & rock n’roll. Un disque qui ravira les fans de rock pur et dur. Un second album intégralement en français est prévu et au vu de l’excellent “Flûtes 67”, ceci ne présage que du bon.