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KYO – Ultraviolent

Vingt ans (!!!) après avoir bouleversé la scène française avec Le Chemin, KYO revient avec Ultraviolent, un album qui ouvre un nouveau chapitre de son histoire. Né d’une volonté DIY et d’improvisations entre Lyon et Paris, le projet s’est construit dans un studio à l’écart du tumulte médiatique, comme un laboratoire sonore dans lequel le groupe a pu expérimenter ses idées les plus folles. Entouré de producteurs reconnus mais gardant une totale liberté d’écriture, le groupe retrouve l’alchimie des débuts. Loin des calculs commerciaux ultra formatés, Ultraviolent est le fruit d’une quête artistique sincère, nourrie par des influences DIY et une volonté de capturer l’instant.

Une alchimie sonore entre passé et présent

Musicalement, le disque explore une palette contrastée où se mêlent riffs saturés et nappes synthétiques : l’exemple le plus parlant et le plus concret est sûrement le titre “Margarita”, mêlant habilement les deux styles musicaux. Les guitares apportent une chaleur brute, les synthés ambient ouvrent des paysages introspectifs. Sur “K17”, le break central illustre cette tension maîtrisée : un synthé minimaliste précède une explosion rythmique qui propulse le chant comme un cri libérateur. Ce morceau évoque l’urgence de “Dernière Danse”, mais avec une maturité nouvelle. Le titre éponyme “Ultraviolent” quant à lui incarne cette lucidité générationnelle : “Mon amour, la vie c’est ultraviolent“. Les musiciens bordent désormais les 40 ans et n’ont plus les mêmes préoccupations qu’à leurs débuts. L’introspection, les regrets et une prise de conscience parfois amère irradient tout l’ensemble. Ultraviolent évoque aussi les zones grises du lien humain avec “Les Amants”, “Vendetta” ou “Pulsions”, entre tendresse et violence, représentant tout le côté tragi-comique de cette comédie humaine qu’est la vie.

Douze titres comme des fragments de vie

Chaque morceau agit comme un chapitre d’un récit émotionnel. “Hors Du Temps” raconte l’amour comme refuge, une bulle fragile hors des normes et du temps. “Formidable” est une introspection nocturne, entre perte de contrôle et besoin d’ancrage. “Soleil Noir” et “Hostile” plongent dans des ambiances plus sombres, tandis que “XXXI X XXV” et “L’Entre Monde” clôturent l’album sur des notes énigmatiques et contemplatives. L’écriture de Benoît Poher marie poésie urbaine et authenticité brute (rythmée par des “ouais” parfois envahissants mais ajoutant une touche de sincérité), avec des refrains tantôt immédiats, tantôt à révélation lente. La musique du texte est toujours aussi particulière, à laquelle s’ajoute le phrasé de Poher, entre slam et chant plus traditionnel.

Une œuvre intense et mature

Avec Ultraviolent, KYO signe un disque cohérent, tendu vers l’essentiel, qui laisse une empreinte durable auprès de l’auditeur. Les 12 titres plongent dans les tensions de la société, la sphère de l’intime, les relations humaines, et la nécessité de l’amour. Ici il n’est pas question de nostalgie ou de posture : le groupe avance résolu, avec une production moderne, où se mêlent spleen électronique et instruments analogiques charnels. KYO poursuit sa transformation et s’affirme comme une référence contemporaine sur la scène rock française, conjuguant exigence artistique, profondeur pop et lien générationnel. Ultraviolent est un titre qui peut sembler fort (surtout en opposition avec la pochette de l’album fleurie et colorée), mais surtout un mot juste : celui d’un groupe qui regarde le monde actuel en face, et le chante avec intensité et sincérité. Ultraviolent est un album qui ne cherche pas à plaire au plus grand nombre mais à poser des mots sur la société et ses maux.

Informations

Label : Sony Music / RCA Records
Date de sortie : 31/10/2025
Site web : www.kyomusic.com

Notre sélection

  • Hors Du Temps
  • Margarita
  • Pulsions

Note RUL

 4,5/5

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Laura Navarre
J'ai annoncé à mes parents à 16 ans que mon objectif professionnel était de produire la prochaine tournée de U2.