Vingt ans après le premier EP Holy Roller Novocaine, Kings Of Leon revient avec EP #2, un projet court mais qui en dit long. Premier disque autoproduit, sorti sur son propre label Love Tap Records, il marque une étape importante : celle d’un groupe qui veut reprendre la main sur son histoire et sa carrière. Pas de calcul, pas de formatage : juste quatre morceaux qui respirent la liberté et l’urgence créative.
Un visuel rétro pour un disque qui cogne fort
La pochette avec ses cerises psychédéliques pourrait faire croire à un album d’été léger et ensoleillé. Spoiler : ce n’est pas le cas. Derrière ce look vintage se cache un disque nerveux et profondément rock. Ce visuel contraste profondément avec ce que nous propose Kings Of Leon sur cet EP. Il s’agit aussi de la première pochette réalisée sous la direction artistique du groupe, signe d’un vrai désir d’indépendance et de contrôle sur chacun des aspects de ce projet.
Dès les premières secondes, la batterie claque, les riffs mordent, et la voix de Caleb Followill retrouve une certaine désinvolture que l’on croyait perdue au fil des albums plus commerciaux les uns que les autres. Ce qui frappe, c’est la variété des ambiances et la cohérence qui lie chacun des morceaux entre eux. “All The Little Sheep” déborde d’énergie brute et de riffs de guitare incisifs, mordants et percutants. Puis “To Space” ouvre un univers musical plus ample avec une basse hypnotique et des guitares aériennes qui rappellent Because Of The Times (2007). “Pit To The Rind” ralentit le tempo et nous offre un dialogue intime entre la voix et la guitare, avant que “The Wolf” ne vienne tout balayer avec ses riffs saturés. On en ressort quelque peu lessivé malgré une durée de 15 minutes.
Un disque auto-produit et DIY
Attardons-nous sur la production de cet EP : ce qui fait son caractère et son urgence, c’est avant tout sa production volontairement dépouillée de tout artifice. Kings Of Leon a choisi de s’éloigner des textures propres et polies (oserons-t-on dire commerciales ?) pour revenir à un son brut et à une approche organique de sa musique. Les guitares sont rugueuses, la batterie puissante et la voix de Followill conserve chacune des aspérités que nous avons plaisir à entendre principalement en live (celles-ci étant parfois trop mises en retrait ou gommées selon les productions). On ressent une véritable urgence, le désir de capter un moment suspendu. Cette esthétique brute renforce aussi l’authenticité de cet EP : pas d’arrangements sophistiqués, pas de chichis, juste du rock pur et dur.
Un signal fort pour la suite du groupe ?
Ce n’est pas qu’un EP, c’est une déclaration. Après des années à porter le poids de “Sex On Fire” et “Use Somebody” (avouez que la majorité des gens ne connaissent que ces deux titres, pourtant peu représentatifs de la carrière des Américains), le groupe semble enfin libéré. Ce disque respire la sueur, la poussière et le plaisir de jouer ensemble. Il est court, il n’a pas de tube calibré pour les charts, mais il est vivant et authentique. Si le prochain album suit cette voie, on peut s’attendre à un retour du groupe plus proche des racines garage rock que des compromis pop rock des dernières années qui ont pu nous laisser sur notre faim.
Informations
Label : Love Tap Records
Date de sortie : 07/11/2025
Site web : www.kingsofleon.com
Notre sélection
- All The Little Sheep
- To Space
- The Wolf
Note RUL
3,5/5







