Chroniques

Keep It Deep – Hatching

C’est en 2002, qu’un groupe belge a l’idée étrange de créer une musique psychédélico-progressive aux relents de heavy et jazz metal.  C’est plus compliqué que ça, c’est une alliance de styles musicaux dont l’association semble, complètement improbable : jazz, pop 70’s, ska, hardcore, post rock etc… La musique de Keep It Deep est complexe, déjantée, tout en essayant de rester mélodieuse et accessible. Une oeuvre originale et audacieuse. Le groupe réalise une première démo de deux titres en 2003, suivi d’un silence radio. Après un long break de presque dix ans, les quatre musiciens liègeois se réunissent autour d’une nouvelle idée : rassembler leurs titres, afin d’enregistrer leur premier album. C’est comme ça que nait “Hatching”, un LP d’une heure répartie sur sept pistes.

“Dodecahedron”, débarque, au commencement le morceau est très jazz rock penchant vers le manouche, proche de The Lost Fingers. Le clavier, dans la veine de Ray Manzarek, mais malheureusement trop en en retrait, modifie au fur et à mesure le titre et l’accompagne vers un son plus brut, surtout lors de l’entrée d’un riff de guitare qui tire vers le heavy. L’influence de Dream Theater se fait sentir, puis s’installe par le biais d’une voix évoluant : suave au départ avant de devenir complètement démoniaque. “Chicken Chips” et “Alt Ctrl Del” suivent ensuite ce mélange farfelu qui fonctionne : des intro heavy digne de Black Sabbath, suivit par une voix et un univers proche du “Epitath” de King Crimson, entrecoupé de riff enflammé sortie d’un bon vieux Metallica. Par la suite, “Space Quirrels” calme, en surface, avec une patte beaucoup plus psychédélique et nettement moins métallique. Le piano reprend ses droits avec cette sonorité organique et une guitare à effet floydien, l’espace est à portée d’oreille. “Bright Light Sun” entraine dans une composition à la Danny Elfman, martelée à coup de trompette jusqu’à ce qu’un solo de guitare, digne de Franck Zappa, ne vienne vous hérissez jusqu’aux poils des orteils. Par le biais de “Facial”, magnifique chanson d’amour, le chanteur revient sur les devants de la scène, tel un Monsieur Loyal sorti tout droit de chez Tim Burton : le charisme vocal, un second degré trépidant et une prise de risque rocambolesque, surprenant. Atterrissage prétendu en douceur, avec “Ciocia Teresa”, un coté jazzy et ska, pour une chanson gaie et légère. L’association de Yes, Mr. Bungle et de ce gimmick étrange en fond, installe l’auditeur en pleine fête bohémienne aux guitares électriques, chanté par un Ian Gillan déchainé. “Ciocia Teresa”, du long de ses treize minutes, s’offrent même le luxe de repartir dans ces travers heavy metal, progressivement, aussi vite venu que reparti, comme si de rien était.

Keep It Deep réalise un album aux sonorités et aux références multiples, diverses et variées. C’est à la fois un atout et une problématique, pour les fans de musique en tout genre : l’opus pourrait devenir une sorte de porte-étendard d’un nouveau courant musical fourre-tout, à la qualité technique irréprochable. Malheureusement, la voix ne tient pas constamment la distance, et les transitions de style, parfois trop brusque, risque d’en effrayer plus d’un. Dans tout les cas, “Hatching” dénote d’une originalité audacieuse portée par des musiciens à la personnalité musicale bien affirmée.

Informations

Label : Li Mohe Music
Date de sortie : 15/11/2012
Site web : www.keepitdeep.be

Notre sélection

  • Dodecahedron
  • Facial
  • Ciocia Teresa

Note RUL

3/5