Chroniques

Keane – Strangeland

Après l’inégal “Night Train” (2010), qui reçu un accueil des plus mitigés tant auprès de la critique que des fans du groupe, Keane nous revient avec “Strangeland”, nouvel album annoncé comme un retour aux sources de ce qui fit le succès des anglais : des mélodies pop rock au piano, simples mais ô combien efficaces. Un choix judicieux ?

Rappelons qu’après le succès mondial de “Hopes And Fears” paru en 2004 (près de 6 millions d’albums vendus dans le monde), la formation avait fait le choix de s’éloigner progressivement du son qui l’avait propulsée en tête des charts pour explorer des sonorités plus sombres (“Under The Iron Sea”), puis plus électroniques (“Perfect Symmetry”), sans rencontrer le même enthousiasme qu’à ses débuts. Sur “Night Train”, les quatre brits tentaient déjà un peu laborieusement de revenir sur le chemin d’un succès populaire en misant sur plusieurs duos, notamment avec l’artiste de hip hop K’naan. Cette fois-ci, Keane a décidé de faire plus simple en reprenant la recette de son premier opus, plaçant le piano au centre de ses mélodies. Une initiative qui n’a rien pour nous déplaire, tant qu’elle ne signifie pas un retour en arrière pur et simple pour le quatuor piano rock. Heureusement, la bande de Tom Chaplin n’est pas tombée dans le piège, car ce “Strangeland” est tout sauf un copycat de “Hopes And Fears”. Bien que des titres comme “Silenced By The Night”, “Sovereign Light Café”, “On The Road” ou encore “Day Will Come” aient la dynamique et l’efficacité des anciens “Somewhere Only We Know” ou “Everybody’s Changing”, on aurait tort de vouloir absolument les rapprocher plus que de raison. En effet, si la formule reste la même, le ressenti est assez éloigné par rapport à ce qui se dégage de ces nouveaux morceaux. Là où les titres du premier effort charmaient par leur relative candeur, pureté et simplicité, on ne peut s’empêcher de percevoir dans toutes les pistes de “Strangeland” la maturité acquise au fil des années par les musiciens, leur conférant une vision un peu plus désabusée de notre monde. D’une certaine manière, c’est tant mieux, on aurait été vraiment déçus que Keane renie son parcours dans sa quête d’un nouveau succès commercial. On retrouve donc au fil de l’album des petits éléments caractéristiques de leurs vagabondages sonores de ces dernières années, en particulier sur “Sea Fog”, qui nous ramène quelques années plus tôt dans l’univers de “Under The Iron Sea” avec sa “Hamburg Song”. En même temps, on pourrait trouver un peu dommage quand même de ne pas retrouver cette fraicheur qui permettait d’écouter “Hopes And Fears” en boucle sans se lasser. On regrette aussi de voir que Tom Chaplin ne s’aventure plus autant dans le registre aigu qu’aux débuts de la formation, sauf peut-être sur les ballades “Black Rain” et “Watch How You Go”, dans une moindre mesure. En réalité, ce “Strangeland” s’écoute différemment, demande plus de temps pour être apprécié à sa juste valeur, mais il a le potentiel d’un album qui marque. Et ce sont des morceaux comme “Neon River” et surtout “Black Rain” qui nous permettent véritablement de l’affirmer, petites pépites de cet opus.

“Strangeland” est donc un bon album, dans le sens où il apporte vraiment quelque chose au parcours de Keane. Difficile de prévoir s’il rencontrera le succès escompté par les anglais, mais on peut être sur de voir au moins certains titres rapidement utilisés dans des séries télévisées et émissions, ce qui est bien le gage d’un succès populaire. Avec ce disque, on a un peu le sentiment que le quatuor dresse un bilan de son parcours pour mieux se retrouver.

Informations

Label : Universal Music / Barclay
Date de sortie : 07/05/2012
Site web : www.keanemusic.com

Note RUL

3.5/5