Chroniques

Jimi Hendrix – People, Hell And Angels

Quarante ans après sa mort, “People, Hell And Angels” regroupe des titres de l’enfant Voodoo, quasiment tous connus des fans. Des enregistrements non destinés à la publication datant de 1969, l’artiste travaillait sur le successeur de son album “Electric Ladyland” (1968). A l’origine, Jimi Hendrix souhaitait sortir ces chansons sur un double album intitulé “First Rays Of The New Rising Sun” dont la parution aurait dû intervenir en 1970 ou 1971. Il voulait explorer de nouvelles directions en expérimentant avec des claviers et des percussions mais sa mort le 18 septembre 1970 avait interrompu la conception de ce nouvel opus. Le single “Somewhere” est allé se hisser à la première place du Billboard en février. C’est de bon augure pour ce qui semble être, le dernier album studio-posthume, du maître de l’Experience.

Ce qui frappe dès “Earth Blues”, c’est la sonorité blues squelettique totalement à l’opposé de ce que les fans ont découvert jusqu’ici. A l’inverse de sa première version publiée dans le LP “Rainbow Bridge” en 1971, celui-ci, apporte une ambiance funk appuyée par un duo Billy Cox/Buddy Miles sous acide. D’un autre coté, des titres comme “Somewhere” sont des bijoux fraichement polis, avec Buddy Miles à la batterie et Stephen Stills à la basse, qui nous offre un jam de blues psychédélique explosif. Enregistré en 1968, “Somewhere” contient les gémissements caractéristiques d’Hendrix, de longs solos exploratoires et des jeux de mots libres et fluides. “People, Hell And Angels”, fait également la part belle aux reprises du maître à l’instar de “Bleeding Heart”, ce chef-d’œuvre de Elmore James a longtemps était un favori de Jimi. Il avait interprété la chanson plus tôt en 68 avec l’expérience en concert au Royal Albert Hall et avait tenté de capturer la chanson en studio à New York mais c’est avec Cox et Miles que Jimi établit un rythme totalement différent de l’arrangement standard. “Izabella” était l’une des nouvelles chansons du guitariste introduit à Woodstock, Jimi étant désireux de perfectionner une version studio, nettement plus brouillon que la version du Band Of Gypsys, délivrée en 1970. “Easy Blues” est également une surprise de l’opus. Un extrait de cette magnifique édition, avait brièvement été émis dans le cadre de “Nine To The Universe” (1980), mais désormais, le morceau deux fois plus long, offre la possibilité de profiter de l’interaction spectaculaire entre Jimi, le deuxième guitariste Larry Lee, Billy Cox et du batteur Mitch Mitchell. L’opus se ballade entre jazz rock et blues psychédélique de “Easy Blues” à “Hear My Train A Comin'” en passant par “Let Me Move You”. Hendrix retourne majestueusement à ses racines avec “Hey Gipsy Boy” et se tourne vers le futur avec “Mojo Man”. Le second sera épaulé par les “Ghetto Fighters” de Harlem, Albert et Arthur Allen. Ce titre est probablement le premier du genre : une hybridation entre rock nerveux, funk et rhythm and blues. L’album se termine en douceur sur “Villanova Junction Blues” enregistré avec Billy Cox et Buddy Miles à la même session de mai 1969 qui a donné “Hear My Train A Comin'” ou encore “Bleeding Heart”. Jamais complètement achevée, la chanson est un exemple des idées fécondes qu’il espérait mobiliser et mener à bien.

Si l’on en croit les rumeurs, “People, Hell And Angels” serait le dernier d’une longue série d’albums studio posthumes de Jimi Hendrix, mais ce son de cloche était déjà entendu lors de “First Rays Of The New Rising Sun”, le LP 1997 qui “reconstituait” le dernier album Hendrix. Malgré son excellente facture et la haute tenue de ces titres, les fans ne trouveront pas la même liesse à l’écoute de cet opus qu’avec “South Saturn Delta” (1997) et “Valleys Of Neptune” (2010). Ecouter les derniers jams d’Hendrix reste bien entendu un immense plaisir, et il serait fâcheux de passer à coté.

Informations

Label : Experience Hendrix LLC
Date de sortie : 04/03/2013
Site web : www.jimihendrix.com

Notre sélection

  • Hey Gypsy Boy
  • Mojo Man
  • Izabella

Note RUL

4/5

Ecouter l’album