Chroniques

Jack White – Lazaretto

Voilà trois ans que le duo rock des années 2000, The White Stripes, a annoncé sa séparation et que l’on voit l’hyperactif Jack White mener ses nouveaux projets parallèles d’une main de fer, notamment avec Third Man Records. Après “Blunderbuss” (2012), son premier album studio, enregistré avec les deux groupes de musiciens qui l’entourent, The Peacocks composé exclusivement de femmes et The Buzzards, réciproquement composé d’hommes, John Anthony Gillis, de son vrai nom, vient de présenter sa nouvelle création, “Lazaretto”, l’inscrivant dans une parfaite continuité.

L’opus, qui est celui qui aura pris le plus de temps à être enregistré parmi la discographie de l’homme de Nashville, commence de façon saisissante et énergique avec les titres phares “Three Women” et “Lazaretto”. Le rythme est inégal, déstructuré et Jack White nous emmène dans des mélanges de genres, qui se transforment en compositions harmonieuses et vivantes; bien que l’ensemble use essentiellement des mêmes éléments et que des morceaux comme “Just One Drink” paraissent un peu plus pâle face à “Temporary Ground” et “Would You Fight For My Love?”. On trouve alors des éléments blues, des atmosphères country, auxquels se mêlent des mouvements hip hop et des touches new wave amenées par le synthétiseur. Les sonorités ne sont pas dépaysantes de l’univers du musicien, qui se plait à faire du récent avec de l’ancien. Ce mix de genre est particulièrement présent sur l’éponyme “Lazaretto”, où Jack White crache son chant de manière effrontée. La richesse du disque se trouve donc dans celle de ses styles musicaux mais aussi de ses ambiances. L’essai, qui détient des morceaux énergiques et très groovy, avec “Three Women” et “Lazaretto” en entrée d’album ou encore “That Black Bat Licorice”, se voit contrecarré par un adoucissement dans la suite de la galette. Aussi, l’ambiance suave et maussade de “Temporary Ground” amène du mouvement et du contraste à l’effort. Tout comme “Entitlement” qui apporte quelques touches de délicatesse et de simplicité, en se centrant sur le duo de voix, la guitare et le piano. C’est d’ailleurs cette simplicité qui fermera l’opus avec “Want and Able”, morceau de charme qui se limite à une guitare sèche et détient une certaine humeur The White Stripes. Ces compositions donnent un aspect apaisé à “Lazaretto”, par rapport à “Blunderbuss” qui était plus lugubre et déjanté. L’album n’est pas linéaire et subit des ruptures intéressantes, comme celle de l’intrusion instrumentale de “High Ball Stepper”, qui vient déchirer l’essai dans le grésillement puissant de la guitare de Jack White. “I Think I Find The Culprit”, dans le retentissement froid de ses accords de piano stricts et plaqués, détient l’univers lugubre dépeint par l’artwork. L’ambiance est mélancolique et abattue par de paroles comme “we don’t deserve a single damn thing” dans “Entitlement”, mais les compositions détiennent une certaine chaleur, particulièrement amenée par le genre country.

“Lazaretto”, tout comme son prédécesseur, expose véritablement la liberté que Jack White a trouvé en sortant du carcan du duo, et semble se délecter à présent de l’abondance qu’offrent ses groupes de musiciens. Le mélomane instoppable sera de passage en France le 29 et 30 juin à l’Olympia.

Informations

Label : Third Man Records
Date de sortie : 09/06/2014
Site web : jackwhiteiii.com

Notre sélection

  • Lazaretto
  • Three Women
  • Temporary Ground

Note RUL

4.5/5

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