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Iron Maiden – Senjutsu

Tandis que The Book Of Souls (2015) fait encore débat parmi la communauté des adorateurs de la Vierge de Fer, Eddie fait son grand retour sur le devant de la scène -ou du moins des bacs du monde entier- avec la livraison de nouveaux titres fraichement enregistrés ! Quoique… Enregistré en région parisienne, comme son prédécesseur, les sessions studio se sont déroulées en 2019, profitant d’un entre-deux durant le Legacy Of The Beast Tour. Le dix-septième album studio d’Iron Maiden était donc prêt depuis de nombreux mois, gardé à l’abri des regards, dans un coffre bien gardé.

Bruce, Steve, Adrian, Dave, Nicko et Janick nous avaient servi un double album, voila qu’ils remettent cela avec dix nouvelles compositions. Senjutsu, ou “tactiques et stratégie” en Japonais… que nous réserve ce disque tant sur le plan tactique que technique ?

Déroutant

En parcourant le tracklisting, la première surprise concerne la longueur des morceaux. Mis à part “Stratego” et “Days Of Future Past”, les huit autres affichent une durée de six minutes minimum, les trois dernières affichant dix, douze et onze minutes… ah ! Introduit par “The Writing On The Wall”, et son superbe clip animé, et “Stratego” par la suite, les premières sensations annonçaient une couleur plutôt familière à ce nouvel album. Leurs formats relativement courts, illustrés en vidéo, rassurent d’une certaine manière. Il n’est plus chose aisée que de se lancer à la découverte d’un nouvel album de Maiden.

Et pourtant, cette première impression va être mise à rude épreuve. Senjutsu s’apprécie tel une entité où il est peu aisé de dissocier les pistes. Là où The Book Of Souls dévoilait un ensemble parfois inégal, il n’en est rien avec cette dix-septième offrande. Sans pour autant parler de “concept album”, la tactique adoptée est bien différente.

Lancé par le titre éponyme, les premiers coups de Nicko marquent instantanément l’entrée dans un environnement hostile et étranger. Une expérience nouvelle se présente à l’auditeur et son attention se doit d’être entière. De plus l’articulation de ce premier morceau est déconcertante, les repères sont difficilement saisissables. A vrai dire, “Senjutsu” pourrait parfaitement conclure un album… c’est dire !

Plus globalement, de l’approche mélodique et aventurière d’un Brave New World (2000), s’y retrouve également la tonalité grave de A Matter Of Live And Death (2006). L’ensemble est très mélodique et sacrément épique.

En revanche, quelques longueurs sont à noter à l’image du pont de “Lost In A Lost World”, qui malgré une succession de soli bien léchés, voient ses plans trainer, ou bien encore quelques redites à l’image de “Time Machine” et de son riff entêtant, qui nous fait écho à de précédents albums. Au rayon des éléments déstabilisants, ajoutons les claviers. De toute évidence, leurs utilisations n’est pas nouvelle chez Iron Maiden, mais il faut bien souligner que leur rendu est assez discutable, de par leur apport presque superflu, où est-ce une question de dosage et de mix ?

Bien heureusement, les satisfactions sont nombreuses. Ainsi, le duo Dickinson/Smith fait une nouvelle fois des merveilles à l’image de “Days Of Future Past”, qui aurait fait un parfait single, en raison de son format concis et de son refrain si accrocheur !

Epique

C’est d’ailleurs une Dickinson/Smith qui lance le second disque avec “Darkest Hour”. Malgré un ton grave, ce mid tempo est, debout en bout, magnifique. La parfaite exécution de “Death Of The Celts” s’immisce de belle manière au fil de cette écoute. Malgré son évolution en somme assez convenue, où les riffs dédoublés guitare/basse et les impeccables soli fonctionnent sans accroc, l’attrait majeur de cette deuxième partie va suivre dans la foulée.

Tout d’abord “The Parchment”, qui est sans doute -et à juste titre- l’un des plus gros coups de cœur des fans. Bien qu’affichant quelques longueurs dispensables, celles-ci nous tiennent en haleine avec un final grandiose en approche. Ce savant stratagème était d’ailleurs parfois perceptible sur le précédent album : au fil des écoutes, ces longueurs parfois si décriées étaient annonciatrices d’une délivrance proche, et libératrice !

Quant à “Hell On Earth”, Steve Harris fait de nouveau parler la magie de ses compositions, à la “When The Wild Wind Blows” ou “For The Greater Good Of God”. Contrairement à “The Parchment”, le subtil mélange de mélodies si simples et sa dynamique prononcée fait de cette dixième piste un moment fort de Senjutsu. Sans doute est-ce également lié à la voix de Bruce et l’accompagnement quasi systématique d’une guitare, amplifiant et donnant plus de corp à sa performance. Et malgré les longueurs qui sont identifiables sur de nombreux morceaux, à contrario, “Hell On Earth” laisse l’auditeur sur sa faim ! L’unique et dantesque refrain ici présent, ne reviendra plus. Un effet sans doute voulu, mais qui laisse sans voix !

Cet ultime ressenti donne un bon aperçu de Senjutsu. Tant de questions restent en suspend. Ce dix-septième album ne plaira certainement pas à tous les adorateurs de la Vierge de Fer. Comme tout album, laissez-vous du temps pour l’adopter et l’apprécier. Quoiqu’il en soit, Iron Maiden continue ses aventures créatives. Up the Irons!

Informations

Label : Warner Music
Date de sortie : 03/09/2021
Site web : www.ironmaiden.com

Notre sélection

  • Hell On Earth
  • The Writing On The Wall
  • Days Of Future Past

Note RUL

 4/5

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