Chroniques

Incubus – 8

Deux ans après la sortie de “Trust Fall”, les Américains reviennent avec un huitième album appelé à cette occasion “8”. Après l’erreur du disque “If Not Now, When?” (2011) qui aurait pu rester la seule, Incubus annonce, avec ce nouvel effort studio, la fin d’une ère et enterre à tout jamais ce qu’il était. Avec néanmoins une lueur d’espoir.

L’ensemble s’ouvre sur “No Fun”, morceau indicateur de ce qu’est le disque : plat, insipide et manquant cruellement d’âme. Appuyée par des refrains scandant “You’re no fun! You’re a song I never wanna hear again!”, cette ouverture du disque annonce le désastre qu’est “8”. Cependant, tout ce qui est mauvais dans cet opus n’est pas forcement dû aux musiciens.

Le mix final de “8” a été réalisé par nul autre que Skrillex, un artiste qui s’est notamment fait connaitre avec le dubstep. En tant que producteur, Sonny Moore, de son vrai nom, a apporté sa patte à l’album et ça s’entend. Le single “Nimble Bastard”, par exemple, existe en deux versions, l’original, qui n’est pas un chef d’oeuvre non plus, n’a rien à voir avec sa version mixée par Skrillex.

L’artiste ne semble pas apprécier les batteries de José Pasillas et rend une version finale dépourvue de percussions authentiques, ces dernières n’étant plus que de vagues samples mis en arrière. L’esprit “électro” qu’apporte Skrillex à cet effort se fait ressentir sur beaucoup d’autres morceaux. L’exemple le plus frappant reste “Loneliest”. Dans sa construction, il est question de boucle, la musique tourne en rond répétant sans cesse “I’m the loneliest I’ve ever been tonight” et encore des percussions qui ne ressemblent en rien à celles d’un groupe de rock.

Mais les musiciens ont aussi leur part de responsabilités dans ce désastre. Brandon Boyd n’est pas au mieux de sa forme et même Skrillex n’aura pas réussi à faire quelque chose pour sa voix. On sent que le chanteur force trop dessus et a du mal à atteindre certaines notes qu’il atteignait sans la moindre contrainte quelques années auparavant.

Il y a cependant un espoir. A la fin de l’essai, “Love In A Time Of Surveillance” est marqué par une performance remarquable du guitariste Mike Einziger, mais c’est avec le morceau final “Throw Out The Map” qui montre bien ce dont Incubus reste capable. Tout dans ce titre rappelle les belles années du quintette et nous laisse imaginer que ses racines ne sont pas totalement perdues.

Un album désastreux qui sonne la fin d’Incubus, à l’image d’un Linkin Park changeant drastiquement de style. De l’électro, des samples de batterie, une voix mal utilisée, ce “8” nous laisse deux options : accepter la fin du groupe et de tout ce qu’il était, ou s’accrocher encore un peu dans l’espoir d’un prochain disque bien plus rock comme le montrent les dernières pistes de ces onze morceaux.

Informations

Label : Island Records / Universal
Date de sortie : 21/04/2017
Site web : www.incubushq.com

Notre sélection

  • Love In A Time Of Surveillance
  • Throw Out The Map
  • Glitterbomb

Note RUL

2.5/5

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