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Horanauts – How To Trade Curses

Un an et demi après la sortie d’un premier EP prometteur, la formation francilienne Horanauts publie son premier album. Résolument rock, noir et beau, le disque évoque le meilleur de ce que le rock alternatif a su produire par le passé.

Rock cérébral

L’une des premières choses que l’on remarque en écoutant l’album est son côté cérébral. D’aucuns diraient même “prétentieux“, mais il ne s’agit pas forcément de cela. La longueur et la structure de la plupart des morceaux, avec différentes sections, rappellent même certains projets neo rock progressif ou, plus spécifiquement, ce qu’a pu produire Radiohead sur ses sorties orientées rock.

Les changements de tonalités, les signatures rythmiques parfois improbables, mettent en exergue une certaine sophistication de la musique à l’opposé de ce que produisent d’autres groupes de rock où la spontanéité prime.

Les électrisants “Potasse” (au titre étrange) et “Loopback”, morceaux les plus pop de l’ensemble à plus d’un regard, en sont les exceptions. Le riff principal de “Loopback” évoque par exemple le meilleur de Matthew Bellamy époque Origin Of Symmetry tandis que ses refrains ont tout l’air d’hymnes fédérateurs.

Entre grâce et noirceur

La comparaison avec Muse et Radiohead semble évidente aussi parce que la voix du chanteur s’approche de celle des deux Britanniques à leurs débuts. Tant au niveau de la tessiture que de la façon de chanter, qui accumule les falsettos et autres montées dans les aigus. Une voix qui brille notamment sur “Unwell” (et qui rappelle par la même occasion celle de Conor Mason de Nothing But Thieves) et sa douce introduction au piano. Mais c’est cette voix qui enjolive les compositions d’Horanauts.

C’est peut-être d’autant plus nécessaire que la plupart de ces dernières sont relativement noires. A l’image du breakdown de “Contingency”, aux guitares criardes et inquiétantes, telles des sirènes d’alarme. La fin de “Bad Aura” a quant à elle des airs de soundtrack apocalyptique interminable qu’est interrompu que grâce à un fondu. Et que dire du climax tout aussi renversant de la chanson titre, “How To Trade Curses”, qui a tout des climax de post rock comme Sigur Rós ou We Lost The Sea savent si bien faire. Et là encore, une mélodie vocale sinistre portée jusqu’au bout.

La composition, tantôt sinistre tantôt mélancolique, est amplifiée par la production cristalline de l’album. Cela permet notamment d’entendre différentes nuances, notamment de la batterie. La qualité du mix rendrait presque difficile à croire que c’est le premier disque de la formation.

Avec la pléthore d’albums sortant chaque mois, et surtout la pléthore de jeunes groupes essayant de se frayer un chemin dans l’industrie musicale, on peut supposer que How To Trade Curses ne se retrouvera pas autant sous les projecteurs que ses illustres inspirations. Dommage pour tous ceux qui passeraient à côté de l’album, car, malgré ses quelques défauts, il s’agit d’un assez beau projet.

Informations

Label :
Date de sortie : 18/11/2022
Site web : twitter.com/Horanauts

Notre sélection

  • How To Trade Curses
  • Frost
  • Bad Aura

Note RUL

 3,5/5

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