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Hooverphonic – Fake Is The New Dope

En près de trente ans de longévité, Hooverphonic s’est taillé une place comme l’un des groupes belges les plus connus à l’international. Le groupe de trip hop poursuit sa lancée avec un douzième album dans la continuité.

Nous les avions quittés avec Hidden Stories (2021), première sortie depuis 2008 à figurer Geike Arnaert au chant. Celle qui avait notamment officié sur The Magnificent Tree (2000), et son single phare “Mad About You”, avait quitté le groupe pour se lancer en solo… avant de le rejoindre à nouveau, d’abord pour les vingt ans de ce disque clé de la discographie du groupe, puis de façon plus durable. Fake Is The New Dope est donc le second album issu de cette réunion (sept au total).

Un album à deux visages

Dire que Fake Is The New Dope n’a que deux côtés serait un peu réducteur, mais c’est bel et bien le ressenti que l’ensemble offre. D’une part, nous avons un côté presque sinistre, lent et lourd à l’écoute. Ceci malgré une production encore une fois très luxuriante, avec toutes les cordes que le trip hop aime à apporter. La chanson-titre de l’album est un exemple pourtant évocateur, autant par son titre, ses paroles, que sa lenteur un poil étouffante. Il en va de même pour “The United States Of Amnesia”. Hooverphonic semble vouloir nous dire qu’il y a quelque chose qui ne tourne pas rond dans le monde, un malaise grandissant, qui se ressent à l’écoute.

Le contraste vient justement de cette deuxième face de l’album, celle des productions et arrangements nettement plus optimistes. Une forme qui brille pour un fond plus morose. C’est le cas par exemple de l’anomalie “Por Favor”, qui aurait très bien pu être une chanson de Manu Chao, fun et dansante. Les paroles ont cependant l’air de faire référence à un couple au bord de l’explosion. De la même façon, sur “Don’t Think”, Geike Arnaert incite même l’auditeur à “chanter” ou à “danser” plutôt qu’à penser, sous peine de tomber dans la dépression ou d’élever son taux de stress au maximum.

Trip hop (a)typique

C’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleures recettes, dit l’adage. Cela se vérifie pour Hooverphonic et ce douzième album. Le trip hop que propose le trio pourrait même paraître classique et peu original à certains. Toujours est-il qu’il fonctionne. Alex Callier, la tête pensante de la formation, n’est pas à court d’arrangements luxuriants, à coups d’envolées de cordes ou de guitares lascives.

Et puis il y a ces références au hip hop, qui évoquent immédiatement les années 90 (“Don’t Think”). Le tempo est joyeux, la basse sautillante. Quelques samples vocaux distillés par-ci par-là ont le même effet. Et à côté de cela, il y a des productions plus modernes, justement moins trip hop, qui lorgnent sur la pop. “And Then I Found You” évoque même les récents travaux de Kylie Minogue.

Ravissant mais oppressant. Ce serait, d’une certaine manière, la façon dont l’on pourrait résumer ce Fake Is The New Dope. Les productions sont somptueuses, parfois un peu plus mordantes, et masquent très bien un fond quelque peu désabusé. Ce dernier peut heureusement vite laisser place à des morceaux entraînants qui mêlent avec adresse un trip hop classique avec des productions modernes.

Informations

Label : Sony Music
Date de sortie : 22/03/2024
Site web : hooverphonic.com

Notre sélection

  • And Then I Found You
  • Don’t Think
  • Fake Is The New Dope

Note RUL

 3/5

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