Le 1er août et sans crier gare, 17 singles rassemblés sous le titre de Ego (principalement nommés ainsi par les fans, sans véritable adoubement par Hayley Williams mais sans rejet non plus) ont fait la surprise des fans. Analyse de cette compilation regroupant toutes les influences et les névroses de la native de Nashville.
Ancré dans un DIY très punk, Hayley Williams nous laisse prendre possession de chacun des morceaux indépendamment les uns des autres, sans proposer de tracklisting ou de véritable album. Williams a donc encouragé ses fans à tracer leur propre chemin à travers la douleur, la colère, la paix et les préoccupations sociales en fonction de ce dont ils ont besoin dans ces chansons. Chacun peut y trouver ce qu’il souhaite et naviguer à sa manière entre chaque morceau, selon son humeur et ses envies.
Au milieu d’une production et d’un mixage époustouflants, la voix de Hayley est plus claire et plus puissante que jamais, comme libérée.
Un album DIY
Après Petals For Armor en 2020, qui était un album expérimental avec des paroles poétiques sur la rage féminine, la dépression et le désir, Ego est plus fouillis, plus chaotique et plus incisive. Le morceau rageur “Ice In My OJ” critique sans ménagement la vie dans une grande maison de disques. C’est aussi l’un des morceaux les plus intéressants de toute la compilation : il est influencé par le hip hop, mais comporte également des cuivres flamboyants tout en se transformant pratiquement en cris. Tout cela est très disparate, mais pourtant tout à fait dans les cordes de Williams, ce qui témoigne de son éventail vocal et créatif toujours plus impressionnant.
L’émouvante “True Believer” nous livre le combat intérieur de Williams avec la foi et l’hypocrisie de l’Amérique chrétienne, dans laquelle, en étant originaire du sud, elle a toujours vécu.
Alors que “Zissou” offre un répit sage mais sensuel, “Ego Death At A Bachelorette Party” s’en prend, sans aucun doute, aux chanteurs racistes de la scène country sudiste. Et si vous recherchez quelque chose qui ressemble au style de Paramore, le très joli “Love Me Different” vous rappellera les plus belles heures de Brand New Eyes (2009). “Blood Bros”, suite plus douce et plus mature, 15 ans plus tard, de “The Only Exception”, montre Williams à son meilleur, vocalement et textuellement.
Un choix de composition et de distribution “bold”
Le romantisme de “Dream Girl In Shibuya” que l’on croirait sorti tout droit de la bande originale de Lost In Translation, le vibrato puissant et incisif de “Hard”, et l’expérimentation de “Negative Self Talk” s’accordent tous à la palette de Williams. Aucun single ne se ressemble, et Ego est à son meilleur dans “Whim” et “Glum”, deux titres qui ont le potentiel de devenir des classiques de la pop. Dans ce dernier, un mélange de voix modifiées, de guitare enjouée, et de batterie rock et puissante tourbillonne tandis que Williams se montre candide sur le malaise lié au vieillissement qu’elle envisage avec beaucoup d’appréhension et d’angoisse.
On ne peut qu’espérer que cette approche du partage musical fasse des émules. La manière dont Hayley Williams a de distribuer sa musique est peu orthodoxe selon les normes de l’industrie. Cela dénote d’une personnalité qui souhaite donner accès à sa musique de manière populaire, indépendamment des grands systèmes de majors. Alors, avoir le courage de donner accès à 17 titres sans aucune campagne de promotion est un choix audacieux. Surtout quand les 17 morceaux sont d’aussi bonne qualité !
Informations
Label : Post Atlantic / Modulor
Date de sortie : 01/08/2025
Site web : www.hayleywilliams.net
Notre sélection
- True Believer
- Mirtazapine
- Glum
Note RUL
4/5