Chroniques

Great Lake Swimmers – A Forest Of Arms

Tony Dekker a enfin décidé de mettre de côté sa carrière solo pour se réunir avec ses acolytes et proposer ce sixième effort de Great Lake Swimmers, “A Forest Of Arms”, faisant suite au rafraichissant “New Wild Everywhere” sorti en 2012.

Le titre de ce nouvel album, ainsi que les accords acoustiques soutenus par des violons timides mais parfois entrainants, ne trahissent pas les racines des Canadiens : leur folk rock est une ode à la nature. “The Great Bear”, le seul titre au piano de l’ensemble, est une ballade émouvante qui s’inspire d’un voyage de Tony Dekker en Colombie Britannique. L’enchaînement du premier single “Zero In The City” et “Shaking All Over” rappelle parfois la magnifique bande son d’Eddie Vedder pour le film “Into The Wild”. Les arpèges acoustiques insufflent une chaleur et un exotisme particulier à ces morceaux, on a aucun mal à imaginer que Tony et sa bande sont partis enregistrer dans des endroits reculés (grotte, caverne, chalet perdu dans les collines) pour obtenir une inspiration authentique. Comme son nom l’indique “I Must Have Someone Else’s Blues”, emprunte quelques influences blues, mais le tout reste assez léger, du moins trop pour se démarquer sensiblement des onze autres pistes. Et c’est bien ça le problème : on se voit mal nager plus loin avec les Canadiens. Passé les quatre premiers morceaux, qui s’avèrent assez bons et efficaces, on comprend vite que l’ensemble de la galette (douze pistes pour à peine quarante minutes) réutilise voire abuse de la même formule et l’auditeur sombre vite dans l’ennui. La durée de vie des morceaux, sur un format de trois à quatre minutes, est assez courte, surtout que l’on remarque vite que Tony et sa bande proposent constamment ces mêmes tempos, agréables et lancinants mais trop similaires. Ce qui semble être un disque rythmé lors des trois premières minutes, ne l’est plus du tout lors des trois dernières. Les accords chauds et la belle voix de Tony Dekker avaient certes, su nous plonger dans un certain exotisme. Mais ce dernier s’estompe bien vite malgré des arguments qui, il faut bien l’admettre et le souligner, auraient pu sauver ce “A Forest Of Arms” : la présence d’un banjo, de violons et quelques invités, notamment Kevin Kane de Grapes Of Wrath à la guitare électrique douze cordes. Seulement, ces éléments sont tout sauf un argument fort puisque, hormis le guest, ils constituent la recette à plein temps des Canadiens. De là, il devient difficile pour la formation de tirer son épingle du jeu et de proposer un peu de relief. Les quelques accents country ici et là et les paroles, que l’on devine personnelles et sincères, permettent à ce sixième effort de Great Lake Swimmers de ne pas mourir noyé dans le lac et de limiter la chute.

Mais même avec toute la volonté du monde et le talent indéniable que l’on sait au groupe (qui a débuté il y a presque quinze ans !), les Canadiens vont devoir redoubler d’effort pour ne pas proposer encore et toujours une recette qui fonctionne, certes, mais qui s’épuise incroyablement vite. Et pourtant, quand on réécoute “Shaking All Over”, on ne peut s’empêcher de penser que Great Lake Swimmers avait toutes les clés pour proposer un bon album, au lieu de simplement en ajouter un de plus à sa discographie.

Informations

Label : Nettwerk
Date de sortie : 02/06/2015
Site web : www.greatlakeswimmers.com

Notre sélection

  • Shaking All Over
  • Zero In The City
  • The Great Bear

Note RUL

2.5/5