Chroniques

Good Charlotte – Youth Authority

Après une pause de près de quatre ans à la suite d’un “Cardiology” n’ayant ni fait l’unanimité, ni secouer les charts du monde entier, le groupe de pop punk originaire du Maryland remet le couvert en cette année 2016 avec “Youth Authority”, son sixième album studio marquant ses vingt ans de carrière. Lentement dénudé pendant huit mois par l’intermédiaire de quelques singles publiés ça et là sur la Toile, c’est finalement au lendemain de notre Fête Nationale que le silence se brise définitivement et que ces douze nouvelles pistes s’offrent au monde, ouvrant par la même occasion un nouveau chapitre dans l’histoire du quintette américain.

Produit et co-écrit par l’homme du moment, aka John Feldmann à qui l’on doit également le très intéressant “California” de blink-182, “Youth Authority” est à la base l’un de ces disques pour lesquels il est difficile d’avoir de réelles attentes, surtout au vu des dernières activités du duo de tête. Entre la carrière country folk des frères Madden avec “Greetings From California” et leur participation à une émission de télé-crochet australienne, leur formation initiale semblait donc passer après ces activités plus populaires et passe-partout. Pourtant, c’est bien sous cet étendard que la formation s’affiche pour ce disque, impliquant par conséquent toute une histoire et tout un actif axé pop punk qui se doit d’être respecté, ne serait-ce qu’un minimum.

Et à l’écoute des premiers titres mis en ligne par les Américains, il est clair que ce détail a été pris en considération par les musiciens, une conformité qui n’est cependant pas systématiquement présente. Tandis que “Makeshift Love” et “Life Changes” proposent un pop punk/rock alternatif assez facile mais dans la lignée des débuts de Good Charlotte, “40 oz. Dream” et “Life Can’t Get Much Better” s’affichent quant à eux avec des formes plus acoustiques et organiques, à la fois pop et minimalistes. Un indice clé indiquant avec justesse l’ambiance générale de cet opus, largement divisé entre distorsions pseudo-percutantes et arpèges folk.

“Youth Authority” n’est pas en soi un essai pop-punk comme il s’en faisait à foison il y a quelques années et s’en fait encore aujourd’hui. Il n’est pas non plus un effort studio électro-pop-rock comme avait pu l’être “Cardiology” sur les bords. Actuel dans sa conception, ce dernier mélange sans frontière mélodies rock claires et infaillibles (“The Outfield” et sa référence à “The Young And The Hopeless” (2002), “Moving On” ou encore “Keep Swingin'” en featuring avec Kellin Quinn) et ballades acoustiques (“Stray Dogs”, “Cars Full Of People”), ce à quoi s’ajoutent des chansons plus hybrides et hétéroclites, à l’instar de “War” et du superbe hymne rock “Reason To Stay” magnifié par la présence de Simon Neil (Biffy Clyro). En somme donc, ici s’entremêlent de façon optimisée différents univers dans un même ensemble qui à la longue tend à décevoir et à intriguer : mais où sont les riffs de guitare alternatifs entêtants, les refrains unificateurs ou les titres rapides et spontanés ? Trop peu nombreux ici, il est dommage d’observer ce léger recul favorisant en parallèle un excès de morceaux gentillets et accessibles.

Good Charlotte est devenu gentil, voire beaucoup trop gentil, et “Youth Authority” en est la preuve ultime. Bien que le quintette américain n’est plus la fougue qu’il avait il y a de ça une dizaine d’années, il est clair, avec cet album, que la troupe des frères Madden n’envisage plus de critiquer avec des crocs acérés la société et ses sévices mais plutôt de plaisamment proposer un produit à l’efficacité moyenne, malgré quelques mélodies valant le détour.

Informations

Label : MDDN
Date de sortie : 15/07/2016
Site web : www.goodcharlotte.com

Notre sélection

  • The Outfield
  • Moving On
  • Reason to Stay (feat. Simon Neil)

Note RUL

2.5/5